Patiente de 90 ans, hospitalisée pour des douleurs rétrosternales, connue pour un reflux gastro-œsophagien, une hypertension artérielle et une maladie coronarienne d’un vaisseau motivant il y a quatre ans une double angioplastie (PCI : percutaneous intervention) de l’artère interventriculaire antérieure avec pose de deux stents.
Question :Que pensez-vous de cet ECG?
Réponse :Il s’agit d’un rythme sinusal régulier à 70/min, avec des troubles de la repolarisation (onde T négatives) de V3 à V6 correspondant au territoire antérolatéral du ventricule gauche.
La troponine est augmentée à 6,2 µg / | (N < 0,09 µg/|). On conclut à un infarctus sans surélévation du segment ST (NSTEMI, non ST-elevation myocardial infarction).
La patiente bénéficie d’une coronarographie révélant une resténose intra-stent du segment moyen de l’artère interventriculaire antérieure. Une nouvelle PCI est effectuée avec mise en place d’un stent à élution intra-stent, avec un bon résultat final.
Question : Quels changements remarquez-vous sur ce tracé?
Réponse : On constate une diminution des troubles de la repolarisation, encore visibles toutefois de V4 à V6.
Evolution : Deux jours après la PCI, la patiente développe les mêmes douleurs rétrosternales que lors de son NSTEMI, motivant un nouvel enregistrement ECG.
Question : Comment analysez-vous ce tracé ?
Réponse : Apparition d’une surélévation du segment ST (ondes de Pardee) de V1 à V4.
Infarctus avec surélévation du segment ST (STEMI : ST elevation myocardial infarction) du territoire antéro-septal sur probable thrombose aiguë intrastent.
A la suite de cet infarctus, la patiente présente une tachycardie ventriculaire. Conformément à ses directives anticipées, nous n’entreprenons pas de mesures de réanimation et la patiente décède.
Le syndrome coronarien aigu comprend l’angor instable, l’infarctus sans surélévation du segment ST (NSTEMI) ou sous-endocardique et l’infarctus avec surélévation du segment ST (STEMI) ou transmural. Le présent cas illustre les deux dernières entités chez la même personne à deux jours d’intervalle et rappelle qu’une thrombose aiguë intra-stent post-PCI est toujours possible malgré toutes les précautions prises. Elle nécessite une réintervention immédiate.