C’est sans doute l’un des symptômes parmi les plus inquiétants de l’évolution de la société américaine et nombre de pays industriels. Selon une étude conduite par l’Institut national américain sur les médias et la famille de l’Université de l’Iowa, près d’un enfant américain sur dix présenterait les caractéristiques d’une dépendance pathologique aux jeux vidéo – troubles du sommeil, difficultés personnelles, comportements asociaux et échec scolaire. Plus généralement, les jeunes américains «accros» aux jeux vidéo présentent des symptômes voisins d’une assuétude aux jeux non pas vidéo mais d’argent.
Cette enquête menée auprès de 1178 jeunes âgés de huit à dix-huit ans révèle que 90% d’entre eux y jouent régulièrement, les garçons y consacrant en moyenne 16,4 heures par semaine, soit notablement plus que les filles : 9,2 heures. Or, ce chiffre passe à 24 heures par semaine (soit près de trois heures et demie par jour!) pour les joueurs présentant des signes de dépendance, correspondant à environ 8,5% des jeunes interrogés. Un quart des jeunes interrogés expliquent jouer pour échapper à différents problèmes auxquels ils sont confrontés. Ils sont presque autant à reconnaître qu’ils jouent alors qu’ils sont censés travailler. Un cinquième des joueurs reconnaissent avoir déjà expédié leurs travaux scolaires pour pouvoir s’adonner plus longtemps à leur passion. Certains confient également avoir menti à leurs amis ou à leur famille sur le temps passé à jouer tandis que d’autres ont avoué avoir volé de l’argent pour pouvoir se procurer de nouveaux jeux.
«Cette étude a été menée pour savoir si les jeux vidéo étaient un problème qui méritait une plus grande attention, explique le directeur de l’Institut de l’Université de l’Iowa. Nous pouvons conclure que c’est le cas.» Les responsables de l’institut rappellent que la dépendance aux jeux vidéo n’est pas officiellement classée comme une pathologie par les autorités médicales américaines. Ils estiment toutefois qu’une série de symptômes cliniques de nature physiologique – maux de tête, troubles du sommeil, problèmes d’hygiène… – ou psychologique permettraient de définir une telle entité.
Pour être considéré comme victime d’assuétude, un jeune doit cumuler au moins six de ces symptômes. En cas de dépendance avérée, l’institut américain fournit, sur son site internet,1 une série de conseils aux parents. Il préconise notamment une prise de conscience du problème au sein de la famille. Selon l’institut, l’enfant doit ensuite se fixer des objectifs pour réduire le temps passé à jouer et trouver des alternatives, et passer avec ses parents une sorte de contrat dans lequel il s’engage à jouer moins tout en y associant la notion de récompense. Une approche qui, selon les spécialistes américains, devrait être plus aisément couronnée de succès chez les filles que chez les garçons.