La Commission européenne vient de pointer « des lacunes » dans la préparation de plusieurs pays de l’UE à la pandémie de Covid-19. Outre la France, l’Italie, l’Espagne, la Belgique ainsi que le Royaume-Uni sont visés par Bruxelles qui les invite également à le « renforcer leurs systèmes de santé ». Concernant la France, l’exécutif européen souligne « des difficultés à garantir la disponibilité immédiate de professionnels de la santé, de produits indispensables et d’équipements de protection individuelle » au début de la pandémie.
C’est ici la question de la pénurie de masques qui, en France, fait le plus polémique. Un sujet sur lequel s’est exprimé Emanuel Macron, président de la République. « Il y a eu une doctrine restrictive, pour ne jamais être en rupture, que le gouvernement a prise et qui était la bonne, s’est-il défendu. Il y a eu ensuite un approvisionnement et une production renforcés et nous n’avons jamais été en rupture. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a eu des manques, qu’il y a eu des tensions, c’est ça qu’il faudra regarder pour le corriger et pour le prévenir… Ayons collectivement l’honnêteté de dire qu’au début du mois de mars, personne ne parlait des masques, parce que nous n’aurions jamais pensé être obligés de restreindre la distribution de ceux-ci, pour les donner aux soignants. »
Pour la Commission européenne, Paris a certes « mobilisé sa réserve de personnel et de matériel médicaux et paramédicaux », mais « la coordination de l’action entre tous les segments du système de santé » est resté «difficile», observe Bruxelles. Et la Commission de mettre également en avant « des problèmes structurels latents » dans le système de santé français- des problèmes qui « résultent d’un manque d’investissements dans les infrastructures physiques et les ressources humaines, d’une adaptation limitée de l’organisation des services et de la nécessité d’une meilleure coordination entre acteurs privés et publics ».
En conclusion Bruxelles demande à la France de « renforcer la résilience du système de santé en garantissant un approvisionnement adéquat en produits médicaux indispensables et une répartition équilibrée des professionnels de la santé, et en investissant dans la santé en ligne ».
Sur fond de pandémie, de politique et de polémiques médicales et scientifiques l’affaire de l’hydroxychloroquine contre la Covid-19 connaît des rebondissements en série. Donald Trump, président des Etats-Unis continue de défendre le recours à ce médicament. Lundi 18 mai, il a d’ailleurs assuré en prendre tous les jours un cachet – et ce « depuis une semaine et demie », avec l’accord de son médecin. « J’ai commencé à en prendre parce que je pense que c’est bon, j’ai entendu beaucoup de bonnes histoires » à ce propos, a-t-il ajouté, précisant qu’il n’était pas, lui, infecté par le nouveau coronavirus. « Vous seriez surpris de découvrir combien de personnes en prennent, en particulier celles qui sont en première ligne » a-t-il ajouté vantant désormais les mérites imaginaires d’une action non plus curative mais préventive.
On sait que Donald Trump s’est entiché très tôt de ce médicament. Il en a notamment vanté les vertus supposées en mars et en avril, alors que ses experts, à commencer par le Pr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des maladies infectieuses, plaidaient la prudence et insistaient sur la nécessité d’une évaluation conduite de manière scientifique.
Grand promoteur de ce médicament dans cette indication, le Pr Didier Raoult (IHU Méditerranée Infection) a aussitôt expliqué ne pas être à l’origine des déclarations du président des Etats-Unis. « Je ne suis pas au courant, je ne suis pas son médecin traitant » a-t-il tenu à préciser. « Je voudrais qu’on remette les choses en perspective et voir à quel point il y a eu une hallucination collective des médias et de certains dirigeants sur l’hydroxychloroquine, qui est l’un des médicaments les plus prescrits au monde, a-t-il déclaré sur Radio Classique. Tous les médecins en ont déjà prescrit (…). Il y a eu une dramatisation d’un médicament banal, classique, on a inventé de tout, des arrêts cardiaques, etc… ça doit être préventif de la folie, car ceux qui ne veulent pas en prendre deviennent fous. Il y aura un examen à faire de comment les médias se sont emballés. »
Ça doit être préventif de la folie, car ceux qui ne veulent pas en prendre deviennent fous
Pour sa part Bruno Lemaître, généticien (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne) s’est exprimé sur le cas du Pr Raoult dans un entretien accordé au Monde 1 qui précise que parallèlement à son métier de chercheur, « Bruno Lemaitre s’est lancé avec passion dans l’étude de la psychologie des personnalités. « Il explore en particulier le narcissisme, et son influence dans les sciences et la société. Après un premier essai sur ce thème en 2016 (An Essay on Science and Narcissism, autoédition, non traduit), il a publié Les Dimensions de l’ego (éditions Quanto, 2019) » précise le quotidien français.
Interrogé sur le fait de savoir si des crises comme la pandémie de Covid-19 contribuent à propulser sur le devant de la scène des narcissiques, M. Lemaître répond que « de manière générale, les personnalités narcissiques peuvent aimer les situations de crise, parce que leur forte confiance en eux-mêmes leur procure une forte résistance au stress qui leur permet de prendre des décisions rapides ». « Ce sont donc des moments d’émergence de nouveaux leaders, en politique notamment, explique-t-il. Dans des crises scientifiques qui deviennent des enjeux publics, comme l’épidémie de sida, le réchauffement climatique ou aujourd’hui le Covid-19, des chercheurs à gros ego, que l’on connaît déjà dans la communauté, se révèlent au grand jour. »
Concernant le Pr Didier Raoult, la pandémie et l’efficacité de l’hydroxychloroquine, il observe que le microbiologiste « exerce une fascination sur certains publics ». « C’est finalement délétère pour la recherche, car les gens sont très en demande de ce traitement alors qu’on ne sait pas s’il est efficace, et on ne peut plus faire d’essais cliniques dans des conditions apaisées, ce qui retarde le processus, ajoute-t-il. Didier Raoult est un chercheur reconnu, mais c’est aussi un homme de pouvoir. Il est difficile de lutter contre des personnes qui affichent une telle confiance, tout en prenant aussi, parfois, la position de victime de la communauté scientifique. Résultat, on est dans une situation très confuse. »
Aucune trace du SARS-CoV-2 n’a été détectée dans des échantillons d’eau de mer ou les coquillages prélevés sur les différentes façades du littoral français, vient de faire savoir2 l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Les sites de prélèvement de coquillages avaient été sélectionnés selon leur exposition aux sources de contamination fécale d’origine humaine : trois sites sur la côte normande, huit sur les côtes bretonnes, huit sur la façade atlantique et trois sur la façade méditerranéenne. Deux échantillons de moules et dix-neuf échantillons d’huîtres creuses ont ainsi été prélevés entre le 22 et le 27 avril 2020.
Parmi ces échantillons, six ont présenté des traces de norovirus signant une contamination par des rejets humains mais aucun échantillon de coquillages n’a présenté de trace de SARS-CoV-2. En outre, quatre échantillons d’eau marine potentiellement soumise à des rejets humains ont été prélevés et aucun n’a présenté de traces de SARS-CoV-2. « Prouver l’absence réelle du virus est un art difficile, précise-t-on auprès de l’Ifremer. Nous avons donc décidé de poursuivre nos prélèvements et nos analyses sur les mêmes sites tous les 15 jours pendant encore plusieurs mois, afin de suivre les éventuels effets d’une circulation potentiellement accrue du virus dans la population dans le contexte de la levée progressive des mesures de confinement. »
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