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ISO 690 | Nau, J., 203 ans plus tard,merci à JanTeerlink, Rev Med Suisse, 2006/081 (Vol.2), p. 2257–2257. DOI: 10.53738/REVMED.2006.2.81.2257 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2006/revue-medicale-suisse-81/203-ans-plus-tard-merci-a-janteerlink |
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MLA | Nau, J. 203 ans plus tard,merci à JanTeerlink, Rev Med Suisse, Vol. 2, no. 081, 2006, pp. 2257–2257. |
APA | Nau, J. (2006), 203 ans plus tard,merci à JanTeerlink, Rev Med Suisse, 2, no. 081, 2257–2257. https://doi.org/10.53738/REVMED.2006.2.81.2257 |
NLM | Nau, J.203 ans plus tard,merci à JanTeerlink. Rev Med Suisse. 2006; 2 (081): 2257–2257. |
DOI | https://doi.org/10.53738/REVMED.2006.2.81.2257 |
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C’est, au choix, une histoire hors de l’ordinaire, un ode vibrant à la raison raisonnante, un acte de foi dans l’action humaine et, plus précisément, européenne. Pour l’heure, l’affaire a pris la forme d’un traitement journalistique où le factuel le dispute au merveilleux. Les principaux quotidiens britanniques s’en régalent et leurs lecteurs avec eux. Aussi, copions-les. A commencer par The Guardian – ce monstre d’équilibre et d’élégance journalistiques – daté du 20 septembre.
Tout, ici, commence en 1803. Jan Teerlink, commerçant hollandais visite le cap de Bonne Espérance. L’homme est semble-t-il passionné – mais quel Hollandais ne l’est pas? – par les plantes. Sous ces antipodes, il confectionne ce que les Anglais d’aujourd’hui nomme «notebook» et qui semble correspondre, si l’on ose écrire, à un herbier de graines. On se promène, on herborise, on prend langue avec les sauvages. Puis, les affaires étant, sous toutes les latitudes, ce qu’elles sont, Jan Teerlink doit rentrer vers son plat pays natal. Il le fait à bord d’un navire prussien baptisé Henriette chargé de thé et de soie; navire arraisonné par la British navy qui ne se gêne guère pour s’emparer de la cargaison, «notebook» compris. La précieuse mémoire insulaire nous dit que ce document est un moment présent à la Tour de Londres avant de gagner le profond sommeil des Archives nationales britanniques. ll allait, hier, y mourir. ll revit aujourd’hui.
Roelof van Gelder, chercheur de la Royal Dutch Library, a découvert que ce document recelait 40 petits paquets, chacun d’entre eux contenant 32 espèces différentes de graines
Roelof van Gelder, chercheur de la Royal Dutch Library, a dans un premier temps découvert que ce document recelait 40 petits paquets, chacun d’entre eux contenant 32 espèces différentes de graines. A chacune ou presque était accolée une identification latine. D’autres témoignaient des affres de Jan Teerlink qui, soucieux de savoir et de transmission, mentionnait: «Mimosa inconnu», «graines d’un arbre with crooked thorns» ou encore «graines de melons mangés par les sauvages de la rivière Orange».
La décision fut alors prise en Angleterre de confier quelques-unes de ces graines à des écologistes de la Millenium Seed Bank, un programme soutenu à hauteur de 80 millions de livres par les Royal Botanic Gardens et qui vise rien moins qu’à organiser la conservation de 10%de toutes les espèces végétales florales aujourd’hui présentes dans le monde. Y avait-il la moindre chance de succès? Matt Daws, membre de la Millenium Seed Bank ne le pensait pas, estimant qu’une période de deux siècles était incompatible avec une telle forme de résurrection végétale.
A Dieu vat, donc. Vinrent alors une série de manipulations dont les fondements rationnels nous échappent quelque peu. On exposa ces graines doublement séculaires à la fumée avant de les inclure dans un étrange et incertain milieu de culture qualifié de «jelly-like». Et notre confrère Ian Sample, éminent correspondant scientifique de The Guardian, d’affirmer qu’en cet automne 2006, dans les précieuses Serres Royales des «Jardins Botaniques britanniques» des essences végétales commencent àmonter vers le ciel, vers les cieux. Le miracle se situe précisément à Wakehurst Place, dans l’ouest du Sussex. Il concerne notamment Lipraria villosa (plante apparemment – et fort heureusement – inconnue du monstre Google, fleurissant sous la dénomination de Leucospermum) et d’une variété d’acacia qui, semble-t-il, reste à déterminer.
Le même jour, ou presque, on apprenait que le squelette «exceptionnellement préservé d’un bébé australopithèque, bipède et vraisemblablement grimpeur, mort à l’âge de trois années» avait été découvert dans le nord-est de l’Ethiopie. L’affaire était traitée par le menu dans les colonnes de l’hebdomadaire Nature daté du 21 septembre. Ainsi donc, en cette veille de l’automne 2006 de l’hémisphère nord, la communauté humaine découvrait-elle que ces restes, allant du crâne aux os de pied en passant par des phalanges, des fragments de tibias et de côtes et un «rarissime hyoïde» avaient été «mis au jour» sur le site de Dikika, sur la rive droite du fleuve Aouache. Les spécialistes se souviennent que ce site n’est guère éloigné d’Hadar, connu pour avoir livré, en 1974, le squelette de la célèbre australopithèque Lucy.
Pour le paléoanthropologue éthiopien Zeresenay Alemseged (InstitutMax Planck d’anthropologie de Leipzig) – qui nous expliquera les raisons de la passion allemande pour les ancêtres du genre humain et leur classification? – ce «bébé probablement de sexe féminin et âgé de trois ans» appartient à la même espèce que Lucy soit Australopithecus afarensis.
Nature et les auteurs de cette publication: ce squelette quasi complet est considéré comme sans égal, tant pour son état de conservation que pour les éléments anatomiques inconnus jusqu’ici chez les australopithèques en général et chez un individu juvénile en particulier. «Le pied et d’autres éléments des membres inférieurs correspondent clairement à une locomotion bipède, alors que l’omoplate ressemblant à celle d’un gorille et les phalanges des mains longues et courbées (typiques des grands singes grimpeurs) inspirent des questions nouvelles sur l’importance du comportement arboricole dans le répertoire locomoteur d’Australopithecus afarensis» expliquent-ils encore.
Une chose est certaine: l’enquête se poursuit dans l’impasse australopithèque tandis que dans la toujours verte campagne anglaise des végétaux conçus sous d’autres cieux sortent d’une gangue conçue il y a 203 ans. Avec 203 ans de retard, nous savons devoir remercier le citoyen Jan Teerlink. Avec 3,3 millions d’années, saluons les restes d’un «bébé australopithèque, bipède et vraisemblablement grimpeur». Dans le même temps des dizaines de millions d’embryons humains sont, sous toutes nos latitudes, conservés dans l’azote liquide. Jusqu’à quand et à quelles fins?
Jean-Yves Nau
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