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ISO 690 Abraham, G., La disparition du symptôme, Rev Med Suisse, 2014/432 (Vol.10), p. 1224–1224. DOI: 10.53738/REVMED.2014.10.432.1224 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2014/revue-medicale-suisse-432/la-disparition-du-symptome
MLA Abraham, G. La disparition du symptôme, Rev Med Suisse, Vol. 10, no. 432, 2014, pp. 1224–1224.
APA Abraham, G. (2014), La disparition du symptôme, Rev Med Suisse, 10, no. 432, 1224–1224. https://doi.org/10.53738/REVMED.2014.10.432.1224
NLM Abraham, G.La disparition du symptôme. Rev Med Suisse. 2014; 10 (432): 1224–1224.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2014.10.432.1224
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28 mai 2014

La disparition du symptôme

DOI: 10.53738/REVMED.2014.10.432.1224

Nous pourrions peut-être comparer plus ou moins la disparition d’un symptôme donné à ce qu’on a appelé «le syndrome de la disparition de l‘ennemi».

Si un ennemi se pointe à l’horizon ou, tout proche, semble déjà sévir, cela nous oblige à mettre en place des mesures défensives et à garder sans relâche un état d’alerte. Alors que si cet ennemi disparaît ou se révèle soudain purement fantomatique, nous pouvons muer notre état d’alerte en un état de relâchement imprégné de passivité, voire de négligence.

En général, dans un contexte pathologique avéré, il existe plus d’un seul symptôme. On peut même se référer le plus souvent à une constellation de symptômes, où peut-être le plus voyant ne serait pas l’expression de la menace réelle représentée par la maladie en cause.

… L’oubli en soi peut représenter autant un avantage qu’un désavantage …

Un symptôme «vedette» pourrait être la douleur. Eh bien, voilà que soudain, en cours de thérapie, cette douleur, qu’elle soit tout à fait localisée ou non, s’atténue de beaucoup ou même disparaît de la scène. Rien de plus souhaitable et de plus réjouissant, pourrait-on penser. Néanmoins, cela pourrait donner lieu à des prises de position, tant du côté du patient que de celui du médecin, imprégnées de perplexité et de confusion : la maladie dans son ensemble existe-t-elle encore ? Ou est-elle guérie prématurément ? Voire, a-t-elle vraiment existé ? Qu’on le veuille ou non, tout le tableau clinique est bouleversé et, au lieu d’engendrer espoir et satisfaction, il serait apte à engendrer paradoxalement de la surprise et de l’inquiétude.

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Tout d’abord, il faudrait tenir compte davantage tant de la structure anonyme impliquée dans tout diagnostic que de ce qui pourrait par contre être sous l’égide de l’histoire personnelle d’un patient. Et quand on aborde cette histoire individuelle, il ne faudrait peut-être pas se limiter à des événements macroscopiques la concernant, mais aussi supposer une possible influence d’événements internes au patient lui-même, se référant alors à des doléances survenues dans son passé personnel, à prendre comme d’éventuels signes précurseurs de la constellation symptomatique présente.

Entrerait aussi en ligne de compte le jeu «dialectique» constant entre mémoire et oubli, où l’on se souviendrait non seulement via une mémoire entendue au sens général, mais également via une mémoire spécifiquement émotionnelle ou sensitive. Une considération identique peut, cela va de soi, être établie en ce qui concerne l’oubli. L’oubli en soi, étendu à plusieurs niveaux autoperceptifs, peut représenter autant un avantage qu’un désavantage. On peut par exemple trop facilement oublier l’impact tant sensitif qu’émotionnel d’un traumatisme, d’ailleurs d’un traumatisme subi de plein fouet comme d’un traumatisme esquivé de justesse. Comme on peut n’avoir fixé de ce traumatisme que quelques fragments, par exemple sensitifs, en ayant effacé de sa mémoire l’impact traumatique dans son intégralité. Il y a en tout cas ce qu’on pourrait qualifier respectivement d’espace et de temps symptomatiques. Des régions du corps impliquant autant, peut-être, un vécu autoperceptif préalable, qui se prêteraient davantage à des manifestations subjectives relatives à toute une série de symptômes. Des zones du corps impliquant aussi la latéralité ou le fait de se référer au haut ou au bas de son propre organisme. Jusqu’à en arriver éventuellement à certaines préférences ou, au contraire, à certaines mauvaises dispositions à l’égard de parties ou de fonctions de son propre corps.

Bref, il pourrait y avoir une plus grande ou une moins grande «disponibilité» symptomatique de la part d’une partie ou d’une autre du corps vis-à-vis du développement et de l’intensité d’une gêne, d’un malaise, voire d’une souffrance persistante.

Il n’est pas exclu, en outre, que l’entourage du patient puisse influencer l’intensité du vécu subjectif d’un symptôme, comme peut le faire la concomitance d’une tendance de l’humeur à l’anxiété ou à la dépression, ou au contraire une tendance à un optimisme naïf.

On peut, de plus, s’habituer à une symptomatologie donnée, surtout si elle est discrète et chronicisante, de telle manière qu’elle peut devenir quelque peu rassurante au lieu d’être vraiment menaçante. On peut même, à la limite, supposer que l’on se sentirait davantage en possession d’une véritable identité personnelle en étant à la merci de certains symptômes qu’anonymisé à l’extrême dans le cadre d’une norme établie par le contexte socio-culturel.

Des symptômes sont même aptes à fournir au patient en cause l’impression d’être en proie à une excitation stimulante, alors que le retour dans le cadre d’une norme égalitaire pourrait être ressenti comme un facteur d’inhibition et de soumission à des règles de bienséance. Une maladie avec ses symptômes peut apparaître entre autres comme un signe de l’apparition d’un désordre, d’un état d’incohérence et de révolte contre une physiologie passe-partout, alors que le retour à l’ordre, à la soumission à la norme, pourrait fantasmatiquement équivaloir à un fuyard rattrapé.

Quant au «dialogue» entre le patient et son médecin, il faut évidemment souligner le fait que tout symptôme dont le malade est porteur en représente la matière première. En revanche, la disparition déjà, et encore davantage surtout la disparition quelque peu imprévue ou prématurée de plus d’un symptôme peut endommager ce langage de référence qui justement relie le malade à son médecin.

Tout cela non pour attribuer une possible valeur aux symptômes d’une maladie, presque équivalents alors à l’addiction à une drogue, mais pour souligner que la disparition des symptômes d’une pathologie donnée devrait être bien préparée à l’avance, en l’élaborant plutôt comme un avancement dans la vie du malade que comme un retour en arrière.

Auteurs

Georges Abraham

13, avenue Krieg 1208 Genève

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