JE M'ABONNE DÈS AUJOURD'HUI
et j'accède à plus de contenu
ISO 690 | Boehncke, W., Zürcher, S., Kaya, G., Un cas de « peau d’orange » sans cancer, Rev Med Suisse, 2019/644 (Vol.15), p. 685–687. DOI: 10.53738/REVMED.2019.15.644.0685 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2019/revue-medicale-suisse-644/un-cas-de-peau-d-orange-sans-cancer |
---|---|
MLA | Boehncke, W., et al. Un cas de « peau d’orange » sans cancer, Rev Med Suisse, Vol. 15, no. 644, 2019, pp. 685–687. |
APA | Boehncke, W., Zürcher, S., Kaya, G. (2019), Un cas de « peau d’orange » sans cancer, Rev Med Suisse, 15, no. 644, 685–687. https://doi.org/10.53738/REVMED.2019.15.644.0685 |
NLM | Boehncke, W., et al.Un cas de « peau d’orange » sans cancer. Rev Med Suisse. 2019; 15 (644): 685–687. |
DOI | https://doi.org/10.53738/REVMED.2019.15.644.0685 |
Exporter la citation | Zotero (.ris) EndNote (.enw) |
A 57-year old female patient initially consulted a gynecologist for a cutaneous lesion on her left breast present since 6 weeks. The gynecologist described a plaque-like lesion in the sense of « peau d’orange ». Imaging and a biopsy did not reveal evidence for a malignancy. When she presented in our « walk-in » outpatient clinic for a second opinion, a borreliosis was suspected based on the clinical appearance of the lesion. This hypothesis was confirmed by the re-evaluation of the skin biopsy by a dermatopathologist and further substantiated by positive serology. Thus, oral doxycycline (2 x 100 mg/day) for 28 days was prescribed as treatment, resulting in resolution of the lesion. We wish to encourage colleagues to contact a dermatologist for any unclear pathology of the skin and to send skin biopsies to a dermatopathologist, particularly if inflammatory or infectious diseases are suspected.
Une patiente de 57 ans a consulté initialement un gynécologue pour une lésion cutanée au niveau du sein gauche qui était présente depuis six semaines. Le gynécologue a décrit un placard de peau d’orange. Une biopsie cutanée n’a pas montré de lésion suspecte. Quand elle s’est présentée dans notre consultation, une borréliose a été suspectée sur le plan clinique. Une relecture des lames de la biopsie par un dermatopathologue a confirmé ce diagnostic. Etant donné la présence d’une sérologie positive, un traitement per os avec doxycycline pendant 28 jours a été réalisé. Nous encourageons nos collègues à solliciter un avis dermatologique, s’il y a un doute par rapport au diagnostic d’une pathologie qui touche la peau, et de profiter de l’expertise d’un dermatopathologue pour lire les lames des biopsies cutanées.
Cet article traite de la démarche diagnostique face à la suspicion d’une peau d’orange chez une patiente. Ce terme est a priori utilisé pour décrire le tableau clinique d’une cellulite, un problème plutôt esthétique, causé par le stockage d’excès de graisse au niveau des hanches, des cuisses, et des fesses. Par contre, le même phénomène au niveau du sein représente un signal d’alarme, car un tel épaississement de la peau du sein peut être secondaire à une obstruction des canaux lymphatiques sous-jacents par un cancer. Le gonflement cutané qui en résulte, accentue les pores de la peau, lui donnant l’aspect d’une pelure d’orange.
Une femme de 57 ans a consulté initialement un gynécologue pour une lésion cutanée au niveau du sein gauche qui était présente depuis 6 semaines en août 2018. Cette lésion a commencé comme un bouton et la patiente a d’abord suspecté une piqûre de moustique ; elle a également observé une augmentation de sa taille. La patiente est connue pour une arthrite psoriasique. Une kystectomie de l’ovaire droit a été effectuée en 1986.
L’examen physique a montré « un placard de peau d’orange de 2 x 5 cm, associé à un épaississement de la peau (la peau était comme infiltrée) ». Aucune adénopathie palpable dans les aires ganglionnaires gauches et droites n’a été observée. Jusque-là, la patiente n’avait jamais fait de mammographie. Une tomosynthèse, une échographie et une IRM mammaire n’ont pas mis en évidence d’anomalies notables, la biopsie de la lésion a montré un discret infiltrat lymphocytaire périvasculaire du derme. Sur la base de ces résultats, il a été décidé d’arrêter les investigations.
Deux mois plus tard, la patiente s’est présentée à notre consultation « portes ouvertes » (consultations sans rendez-vous). Le dermatologue de garde a décrit un placard légèrement induré de la face latérale du sein gauche sans lésion ailleurs (figure 1). Son diagnostic différentiel comprenait une morphée (sclérodermie localisée à la peau) et une borréliose. Une relecture des lames de la biopsie par un dermatopathologue a documenté un remaniement scléreux dermique en profondeur, faisant suspecter une morphée. Mais au vu de la présence d’un infiltrat lymphoplasmocytaire périvasculaire dans la partie superficielle et moyenne du derme, une borréliose était favorisée (figure 2). Ce diagnostic a été confirmé par une sérologie positive. En suivant les guidelines actuelles,1 un traitement per os de doxycycline à raison de 2 x 100 mg/jour pendant 28 jours a été prescrit, avec un bon résultat.
La présentation du cas documenté ici est peu caractéristique, car une borréliose se manifeste initialement typiquement sous la forme d’un érythème migrant, une macule érythémateuse de croissance annulaire et centrifuge, qui survient le plus souvent quelques jours, parfois plusieurs semaines après la piqûre de tiques à l’endroit de celle-ci. Le centre de la lésion s’éclaircit progressivement et il se forme un anneau maculeux.2 A savoir que de nombreuses variantes cliniques ont été décrites, y compris des macules non annulaires avec un centre induré,3 comme ici.
Ce cas démontre bien les préoccupations des différentes spécialités, qui introduisent un biais. Le gynécologue, confronté avec une lésion du sein chez une femme qui n’avait jamais fait de mammographie, est obligé a priori d’exclure un cancer ; son interprétation d’une altération peu spécifique de la peau est donc celle d’une peau d’orange. Ceci représente un épaississement de la peau du sein causé par une obstruction des canaux lymphatiques sous-jacents. Le gonflement cutané qui en résulte, accentue les pores de la peau, lui donnant l’aspect d’une pelure d’orange.4 On observe notamment la peau d’orange lorsqu’un cancer obstrue les canaux lymphatiques. Par conséquent, le gynécologue a demandé une imagerie et une biopsie. Malheureusement, une présentation cliniquement peu spécifique d’une lésion correspond souvent à une présentation elle aussi peu caractéristique au niveau histologique, comme dans le cas discuté ici. Le dermatologue, en profitant du fait qu’une tumeur maligne avait déjà été exclue, a interprété la lésion apparue en été, ressemblant au début à une piqûre d’insecte, et entre-temps caractérisée par une induration, dans le sens d’une borréliose.
Dans une telle situation, la lecture des lames d’une biopsie cutanée par un dermatopathologue est hautement recommandée, car la différenciation des multiples maladies cutanées associées avec un infiltrat inflammatoire est extrêmement difficile et dépend beaucoup de l’expérience de l’individu. Une interaction directe entre le clinicien (qui ajoute une description précise de la lésion en question et de préférence des photos cliniques) et le dermatopathologue pour une corrélation anatomoclinique est très utile, même parfois indispensable, pour avancer dans le diagnostic dans des cas comme celui-ci. Idéalement, le dermatopathologue rencontre lui-même aussi le patient, ceci pour avoir une idée précise des manifestations cliniques et pour identifier le meilleur site pour la biopsie. Finalement, la technique de la réalisation d’une biopsie cutanée est très importante, notamment pour éviter les artefacts par compression (pincette !).
Dès que le diagnostic différentiel est établi, il est facile de réaliser des tests complémentaires pour préciser le diagnostic final, ici la sérologie. Une fois le diagnostic définitif posé, la maladie peut être traitée.
Les manifestations cutanées peu spécifiques de multiples pathologies rendent parfois compliqué un diagnostic clinique. La combinaison de l’anamnèse (ici la saison d’été, la lésion débutante comme une « piqûre ») avec une biopsie clarifie normalement le problème clinique. Nous encourageons nos collègues à solliciter un avis dermatologique, s’il y a un doute par rapport au diagnostic d’une pathologie qui touche la peau, et de profiter de l’expertise d’un dermatopathologue pour lire les lames des biopsies cutanées, particulièrement dans le contexte des maladies inflammatoires et infectieuses.
Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.
▪ Nous encourageons nos collègues à solliciter un avis dermatologique s’il y a un doute par rapport au diagnostic d’une pathologie qui touche la peau
▪ Il est utile de profiter de l’expertise d’un dermatopathologue pour lire les lames des biopsies cutanées, particulièrement dans le contexte des maladies inflammatoires et infectieuses
Le produit a bien été ajouté au panier ! Vous pouvez continuer votre visite ou accéder au panier pour finaliser votre commande.
Veuillez entrer votre adresse email ci-dessous pour recevoir un lien de réinitialisation de mot de passe
Vous pouvez créer votre nouveau mot de passe ici
Certains de ces cookies sont essentiels, tandis que d'autres nous aident à améliorer votre expérience en vous fournissant des informations sur la manière dont le site est utilisé.
Les cookies nécessaires activent la fonctionnalité principale. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.
Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques de fréquentation anonymes du site de la Revue Médicale Suisse afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus. En désactivant ces cookies, nous ne pourrons pas analyser le trafic du site de la Revue Médicale Suisse
Ces cookies permettent à la Revue Médicale Suisse ou à ses partenaires de vous présenter les publicités les plus pertinentes et les plus adaptées à vos centres d’intérêt en fonction de votre navigation sur le site. En désactivant ces cookies, des publicités sans lien avec vos centres d’intérêt supposés vous seront proposées sur le site.
Ces cookies permettent d’interagir depuis le site de la Revue Médicale Suisse avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation, lorsque vous cliquez sur les fonctionnalités de partage de Facebook et de Twitter, par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les articles de la Revue Médicale Suisse depuis le site de la Revue Médicale Suisse sur les réseaux sociaux.