Tout d'abord, il faut faire le constat, dans nos pays, d'une incroyable et récente égalité entre filles et garçons pendant la période d'enfance et la période des études. La plupart des jeunes filles ne s'imaginent même pas les fonctions familiales que remplissaient leurs mères et surtout leurs grand-mères, ainsi que les générations de femmes qui les ont précédées : tâches ménagères quotidiennes évidemment, mais aussi garde des petits frères et petites surs. Ces tâches donnaient aux petites filles encore très jeunes un rôle maternel et, si elles les rendaient débrouillardes et responsables, amputaient gravement leur potentiel d'éducation. Heureusement, la vigilance vis-à-vis de leurs propres filles des femmes qui avaient subi le poids de ces tâches, jointe à la diminution de la natalité, et à l'allègement des tâches ménagères grâce au développement de l'équipement électroménager, ont permis un renversement complet de la situation en une vingtaine d'années. Mais n'oublions pas que ce problème reste cruellement d'actualité pour des générations de petites filles et de femmes qui vivent aujourd'hui en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, bref dans tous les pays où l'économie familiale repose sur les enfants, principalement les petites filles.aPour revenir à nos latitudes, je prendrai juste quelques exemples qui illustrent cette égalité de mode de vie : il est courant à Genève que les jeunes en fin d'études secondaires prennent une année sabbatique et les filles ne sont pas du tout exclues de ce phénomène. Au cours des études universitaires, il règne une grande convivialité entre étudiant(e)s qui mènent de façon très similaire un mode de vie libre et souvent peu contraignant, lorsqu'elles(ils) ne doivent pas assumer le coût de leurs études. La seule restriction à cette égalité de traitement est certainement le choix d'une profession : peu ou pas de filles en informatique, dans les métiers techniques, etc.Pendant toutes ces années d'insouciance (et c'est tant mieux), une réflexion «féministe» paraît donc superflue et est donc rarement voire jamais encouragée par la famille, par les médias, par l'école (et c'est vraiment dommage).Le choc du mariage et du rôle féminin attendu par la sociétéDu coup, les filles sont peu voire pas du tout préparées à affronter la réalité de leur avenir, de cette dichotomie entre vie familiale et investissement professionnel. La formation scientifique par exemple, implique de passer de longues périodes dans des laboratoires à l'étranger (stages post-doctoraux) qui sont les garants d'une insertion professionnelle réussie. Or le mariage est de nos jours le plus souvent une histoire d'amour, dont on néglige les composantes socio-économiques. Rapidement et sans y avoir vraiment songé, les filles au mode de vie libre, se retrouvent jeunes femmes ayant des comptes à rendre à leur mari, leur famille, leur belle-famille. Le tout intimement mélangé avec le rôle dont elles se sentent investies à partir du moment où elles ont passé le jour initiatique de la robe blanche. La meilleure preuve est cette récente étude qui montre une nette différence de la répartition des tâches ménagères entre les couples sans enfants mariés ou concubins : plus lourdes pour la femme dans le premier cas, plus également réparties dans le second. Puis vient la naissance du premier enfant et là c'est malheureusement le plus souvent la dégringolade dans la répartition des tâches, dans la répartition de la fatigue qui suit les levers nocturnes. Implicitement, les femmes acceptent la prédominance de l'investissement extérieur de leur conjoint, abandonnent l'idée de s'investir dans un projet professionnel. Par ailleurs, les femmes sont responsables de la maintenance des liens sociaux, au sein de l'école, au sein de la famille. Par exemple, ce sont elles qui très souvent organisent les rencontres familiales. Donc leur énergie est progressivement captée par un rôle qu'elles ont rarement clairement choisi et dont elles prennent conscience au fur et à mesure des années. Ces filles avaient une grande possibilité de choix jusqu'à 25 ans, mais les ont gâchés en se réfugiant dans un conformisme sans doute confortable à court terme, mais à long terme ?Il existe pourtant une solution relativement simple et d'ailleurs adoptée par un nombre de plus en plus grand de jeunes adultes : se donner une période de maturation de cinq ans, dix ans en retardant le mariage. De nos jours, les inconvénients sont inexistants, les certificats de virginité ne sont plus requis pour le mariage, la pression sociale du qu'en-dira-t-on a disparu. En échappant au mariage, les filles peuvent prendre le temps de se forger leurs propres choix, de sentir leurs besoins en confort matériel, psychologique mais aussi leurs aspirations à réaliser un projet ambitieux, à visualiser les contraintes qu'elle et leur compagnon sont capables d'accepter ou non pour ce projet. Nous avons la chance de vivre dans des conditions où les choix sont multiples : choix du compagnon, choix du métier, choix de la maternité. Tous ces choix pour être satisfaisants demandent à être profondément ressentis et donc testés à l'épreuve de notre temps, de notre maturation.Le nez collé sur la paillasse ou l'injonction du court termePassons maintenant à la vie de chercheur(se) scientifique proprement dite : elle est caractérisée par la nécessité de produire des données, contrôlées (c'est-à-dire rendues significatives par un certain nombre de contrôles), puis publiées. Ceci veut dire que le nombre d'heures de travail n'est absolument pas un critère fixe comme dans la plupart des autres professions. Il est évident que plus vous travaillez, plus vous risquez d'obtenir des résultats significatifs. Mais vous pouvez passer des semaines à appliquer un protocole ou à mettre au point de nouvelles méthodes sans grand succès.Cela veut dire que lorsque le temps vous est compté par les nécessités familiales, vous supprimez progressivement tout le temps «non efficace» : les pauses café, les pauses repas, toutes les contraintes horaires non indispensables (principalement les activités sportives, culturelles, sociales). Pour la femme, il s'agit de cohabiter avec un taux variable mais durable de fatigue, d'accepter la perte du temps pour soi, qui n'est plus souvent que celui du temps accordé à votre projet professionnel. Donc il est vrai qu'à niveau de responsabilité similaire, la vie d'une femme scientifique mère de famille est nettement moins confortable que celle d'un de ses collègues, père de famille.Mais surtout, tout ce temps «non efficace» supprimé est en fait du temps à moyen et à long terme fort utile pour la carrière scientifique : c'est pendant les pauses café et les repas avec vos collègues que vous pouvez discuter de leurs projets scientifiques, d'une technique qu'ils utilisent et que vous ne connaissez pas, de contacts qu'ils ont eu lors d'une conférence, ou tout simplement qu'ils apprennent à vous connaître. Donc ce temps-là si important pour visualiser les travaux des groupes qui vous entourent, pour tisser un réseau solide de relations professionnelles, manque cruellement aux femmes scientifiques mères de famille. Une solution est probablement de savoir prendre ce temps parfois, fût-ce au détriment du temps passé dans le labo. Une autre est de se dégager des contraintes du quotidien en participant régulièrement à des conférences à l'étranger (un petit marathon à organiser il est vrai).«Il faut emmener son sujet jusque chez sa maîtresse» (Baudelaire)Une autre question spécifique aux femmes scientifiques est celle de l'antinomie entre la nécessité d'une réflexion intellectuelle nourrie et une disponibilité vis-à-vis de ses enfants. La recherche nécessite évidemment une réflexion nourrie par les publications scientifiques des autres chercheurs(ses), mais également une polarisation quasiment monogamique sur son propre sujet de recherche. Donc mise à part la lecture des journaux scientifiques, le travail intellectuel consiste à analyser et interpréter les données produites par le laboratoire, imaginer l'expérience suivante ou alors analyser les problèmes qui empêchent les résultats d'être significatifs, élaborer des solutions. Dans tous les cas, il faut être habité(e) par son sujet de recherche et cela ne se fait pas par tranche horaire fixée arbitrairement. Les écrivains vivent apparemment la même expérience (voir Baudelaire cité ci-dessus). Or s'il est possible de rencontrer son amant (ou sa maîtresse) sur rendez-vous, les enfants demandent une disponibilité moins ponctuelle et beaucoup moins calculée. Eplucher les légumes, trier le linge sale n'empêche pas de réfléchir, par contre prévoir la vie pratique (rendez-vous de dentiste, achat de vêtements, fêtes d'anniversaire, etc.), suivre le travail scolaire des enfants, écouter le récit de leur journée, être attentif à leurs difficultés, ou tout simplement passer un bon moment avec eux, demandent impérativement d'interrompre la réflexion professionnelle. Classiquement, les bons pères accordaient effectivement du temps à leurs enfants par tranche horaire, tandis que les bonnes mères leur offraient du temps en continu. Baudelaire fut probablement un bon amant, eût-il été un bon père, une bonne mère ?Le milieu scientifique est-il macho ?D'emblée et sans aucune hésitation, je dirais non, en tout cas en ce qui concerne le discours raisonné. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'un discours macho véhicule avant tout un certain nombre de stéréotypes, et un discours stéréotypé est toujours un discours imbécile. Par définition, les scientifiques n'aiment pas passer pour des imbéciles. De plus, même s'ils ne prennent pas beaucoup de temps à réfléchir à la condition féminine, les scientifiques ont en général rencontré au cours de leur carrière des femmes scientifiques de grande qualité et ne sont donc pas habités par un discours macho.La question du comportement est un peu plus subtile. Prenons comme exemple l'organisation de conférences scientifiques : lors d'une conférence scientifique, soit les participants ont un rôle purement passifs (ils viennent apprendre), soit ils proposent de discuter leurs résultats présentés sur des affiches (posters), soit enfin, ils sont invités par les organisateurs(trices) à venir donner un exposé oral des travaux de leur groupe. Il est surprenant de voir que dans le deuxième groupe (ceux qui choisissent de montrer des posters, le plus souvent des étudiant(e)s en fin de thèse, des chercheurs en stage postdoctoral), la participation des femmes est de plus de 30% dans la plupart des conférences, atteignant souvent 50% ; par contre parmi les orateurs invités, ce pourcentage tombe fréquemment à 5 ou 6%. Les orateurs sont le plus souvent des directeurs de laboratoires ou des chefs de groupe de recherche de taille variable. Etant donné la représentation des femmes parmi les directeurs de labo, chefs de groupe ou chefs de projet, la proportion d'orateurs invités devrait être de 15% à 20%. Un très faible taux de femmes orateurs dans certaines conférences reflète donc un comportement «entre hommes», plus facile, plus immédiat de la part d'organisateurs qui ont peu l'habitude de travailler avec des femmes. Ce n'est pas un comportement anti-femmes, c'est simplement un manque de sensibilité à la question. Hors cette question est primordiale, car si les femmes ont moins facilement l'opportunité de présenter leur travail, leur reconnaissance en sera d'autant diminuée. De plus le fait même de devoir présenter des résultats pousse à atteindre une meilleure qualité. Enfin les critiques, suggestions fournies par les collègues lors de la présentation de vos résultats dans les conférences scientifiques sont extrêmement stimulantes. C'est donc un cercle vertueux : le fait de présenter les résultats encourage votre recherche et stimule sa progression. Une femme ou un groupe de femmes ne peuvent rien dire au cours de telles situations clairement discriminantes. Par contre, c'est le rôle des fondations et des organismes qui sponsorisent les conférences scientifiques de veiller à une attitude encourageante. De plus en plus d'organismes (en particulier européens) mettent désormais la préoccupation de la représentation féminine au cahier des charges des organisateurs(trices).Les hommes ont-ils intérêt à promouvoir la recherche des femmes ?A court terme, non, mille fois non. La recherche suisse est une des meilleures du monde : en termes de nombre de publications scientifiques, de taux de citations de ces publications, de nombre de Prix Nobel par tête d'habitant. Cette recherche est dirigée essentiellement par des hommes et cela marche fort bien, pourquoi faudrait-il changer ? Par souci humanitaire de stimuler le fonctionnement de quelques connexions neuronales chez leurs mères, leurs femmes, leurs maîtresses, leurs amies, leurs filles ? Alors qu'elles prennent si bien en charge leurs familles, tissent avec amour une toile familiale, amicale, sociale qui les soutient, les préservent ?Donc les hommes n'ont aucun avantage immédiat à modifier quoi que ce soit. De plus, ils risquent même d'y perdre quelques plumes : le nombre de postes à responsabilité ne va pas croître en fonction des ambitions des femmes. Si ces dernières deviennent plus nombreuses à ces postes, inévitablement ils perdront quelques places. Enfin, ils risquent fort de devoir procéder à quelques réaménagements de leur confort quotidien.Si les hommes qui dirigent la recherche n'ont le plus souvent aucune motivation propre à encourager une recherche indépendante menée par des femmes, ils subissent par contre des pressions qui risquent de les amener à changer leur façon de voir. Ces pressions sont de deux types : d'une part les femmes qui ont effectué une formation poussée, ne songent plus à renoncer à une vie professionnelle riche et stimulante. Elles sont tombées dans la soupe et y ont pris goût. D'autre part, il se trouve que la Suisse est un pays démocratique qui a accordé le droit de vote aux femmes il y a quelques années déjà. Or les décisions qui concernent la recherche sont de plus en plus souvent soumises à l'avis du peuple (par exemple : l'expérimentation animale, les manipulations génétiques). Il se trouve qu'en juin 1998 lors de votations sur le droit à poursuivre les manipulations génétiques, le vote des femmes et celui des hommes étaient sensiblement différents : les femmes rejetaient plus volontiers les manipulations génétiques (si ma mémoire est bonne avec un écart d'environ 10% avec les hommes, ce qui est énorme pour des populations qui ont reçu le même type d'éducation). S'ils ne veulent pas aller vers un rejet progressif de leurs activités par une grande part de la population féminine qui préférera se tourner vers des approches para-scientifiques, les dirigeants scientifiques seront bien obligés de réagir. Sous la pression donc, une ouverture plus large aux femmes qui choisissent des carrières scientifiques va progressivement s'imposer d'elle-même.En guise de conclusionEn guise de conclusion, j'aimerais soulever une question souvent supposée acquise et qui me paraît pourtant complètement ouverte : est-il compatible de s'investir à fond dans une profession qui exige beaucoup tout en élevant au mieux nos enfants ? En effet, nous avons été élevées pour la plupart d'entre nous, par des femmes qui nous ont donné beaucoup de leur temps et de leur présence. Ce temps et cette présence ont été un acquis indubitable pour notre épanouissement. La situation que nous imposons donc à nos enfants est relativement expérimentale. Je sais que pendant des générations les femmes mourraient jeunes en couches ou bien étaient occupées aux travaux des champs, à l'usine et offraient une disponibilité réduite à leurs enfants. Mais le pire n'est jamais un bon argument. Si une fois mordues par le virus, nous décidons de nous engager vers une recherche scientifique, c'est-à-dire vers la liberté de comprendre, de réfléchir puis de décider d'une attitude active, technique et ludique pour traiter une problématique, que devons-nous faire pour donner à nos enfants l'encadrement, l'attention, la disponibilité dont ils ont besoin ?D'un point de vue pratique, vous l'aurez compris la recherche scientifique est envahissante mais elle a aussi sa part de souplesse : il est en général possible de rester à la maison pour un enfant qui a de la fièvre, quitte à retourner le soir au labo. L'utilisation nocturne des ordinateurs portables offre aussi un précieux temps de travail qui certes a ses revers. Dans cette organisation, les personnes choisies qui prennent en charge nosenfants, ainsi que les crèches qui, lorsqu'elles sont de bonne qualité nous apprennent tant, ont un rôle majeur. D'un point de vue général, il est clair qu'un renoncement à une certaine compétitivité (compatible cependant avec une durabilité de la carrière), ainsi qu'à une certaine part de notre propre confort s'installe progressivement au profit des enfants. C'est beaucoup mais à certaines étapes c'est clairement insuffisant. Par ailleurs, certain(e)s diront : votre appétit de savoir, vos connaissances apportent beaucoup à vos enfants. Sans doute, mais on ne troque jamais de l'affectif contre de l'intellectuel et notre vigilance vis-à-vis des enfants doit être d'autant plus grande que nous sommes peu présentes à la maison. Enfin, dans cet équilibre de funambule, le choix du compagnon est primordial : son acceptation évidente de votre engagement professionnel, sa participation dans les tâches ménagères, sa disponibilité choisie auprès des enfants sont les principaux garants d'une réussite cahin-caha d'une famille et d'un projet professionnel pour chacun. Et de ce côté-là, les enfants ont beaucoup à y gagner.Petit vade-mecum pratiqueLisez la presse féministeNon le féminisme n'est pas ringard. Cela prend du temps pour avoir les idées claires sur les choix que nous désirons faire sans les contraintes qui nous sont imposées de façon implicite par notre culture, sans les restrictions que nous n'avons pas choisies ou que nous nous imposons nous-mêmes. La plupart des publications féminines ont des pages où ce genre de situations sont exposées, lisez-les, elles sont utiles car elles poussent à réfléchir. A lire aussi, un journal féministe publié en Suisse romande «l'émili» (www.lemilie.org).Le mentoratChaque université est désormais dotée d'un bureau de l'égalité homme/ femme. A Genève, ce bureau a mis en place un système de mentorat, principalement destiné aux étudiantes qui arrivent au stade de la thèse ou aux femmes plus avancées. Page internet : www.unige. ch/rectorat/egaliteLe travail à temps partielNous avons la chance en Suisse que le Fonds national suisse de la recherche scientifique soit dirigé par une femme, Heidi Diggelman, qui encourage et soutient depuis de nombreuses années les femmes qui décident de mener de front recherche et famille. Cet encouragement passe par la Fondation Marie Heim-Voegtlin (du nom de la première femme médecin suisse au début du XXe siècle) qui distribue chaque année des bourses aux femmes désireuses de poursuivre une carrière scientifique, de préférence indépendante, ayant subi un arrêt ou un ralentissement de leurs activités pour des raisons familiales (applicable aussi aux hommes qui se trouveraient dans cette situation). Cette bourse qui correspond donc à un salaire soit à temps partiel soit à temps complet, peut durer jusqu'à trois années. Travailler à temps partiel au laboratoire pendant une période donnée est donc possible, en particulier en période de stage postdoctoral. Par contre, travailler à temps partiel en dirigeant une équipe de recherche paraît difficilement réalisable et peu crédible sur une longue période mais pourquoi pas imaginer des solutions moins individualistes où deux personnes qui s'entendent bien joindraient leurs efforts pour coordonner le travail d'une équipe ? Page internet :www.snf.ch/fr/wom/wom.aspRéseau romand de mentoring :www.unifr.ch/f-mentoringa Aujourd'hui, 900 millions d'adultes sont analphabètes, parmi eux plus des deux tiers sont des femmes ; 125 millions d'enfants ne vont pas à l'école, parmi eux deux tiers sont des filles ; le taux d'abandon de la scolarité primaire des filles est nettement supérieur à celui des garçons (voir : www.aide-et-action.org).