Sommaire
00:00 Introduction : objectifs et impact des règles abondantes
01:20 Définitions : cycle menstruel normal vs anormal
02:30 Prévalence : chiffres, sous-diagnostic
04:00 Retentissement : qualité de vie, carence en fer, absentéisme
06:45 Causes possibles : focus sur les coagulopathies
07:42 Données épidémiologiques : anomalies de l’hémostase
08:26 Maladie de Von Willebrand, thrombopathies, anomalies plaquettaires
09:48 Signes d’appel et outils de dépistage en consultation
10:17 Calendrier menstruel, score de saignement, score Samanta
13:55 Critères de gravité, signes évocateurs de trouble hémorragique
16:00 Examens de première intention à faire en médecine générale
17:15 Prise en charge multidisciplinaire
18:26 Bilan biologique approfondi en hématologie
19:30 Sensibilisation des patientes et des professionnels
20:45 Freins au diagnostic : pratiques des gynécologues
21:22 Parcours de soins coordonné mis en place aux HUG
22:07 Traitements : hormonothérapie, acide tranexamique, supplémentation
23:08 Conclusion : repérer tôt, prévenir, collaborer
Résumé
La conférence aborde les saignements utérins anormaux sous l’angle de l’hématologie, en insistant sur leur lien fréquent mais sous-estimé avec les troubles de l’hémostase. Un cycle menstruel est considéré comme abondant si la perte sanguine dépasse 80 mL, dure plus de 7 jours, nécessite un changement de protection toutes les 2 heures, ou impacte significativement la qualité de vie.
Les données épidémiologiques montrent une prévalence de 25 à 30 % chez les adolescentes et jeunes adultes, avec un sous-diagnostic massif : seule une minorité consulte. Ces règles abondantes entraînent des carences en fer dans 60 % des cas, et une anémie dans 30 %, affectant les performances scolaires, professionnelles et la vie sociale.
Une revue systématique a révélé que 30 % des femmes consultant pour règles abondantes ont un trouble de la coagulation, avec une fréquence accrue chez les adolescentes (40 %). Les pathologies les plus souvent retrouvées sont la maladie de von Willebrand, les thrombopathies et les troubles plaquettaires.
Le dépistage repose sur des outils simples utilisables en première ligne : calendrier menstruel, score ISTH BAT, score Samanta, et la "règle du 7-2-1" (durée, fréquence, présence de caillots). D'autres signes évocateurs incluent une carence martiale inexpliquée, l’échec des traitements hormonaux ou un antécédent de saignement post-partum.
Le bilan biologique de première intention comprend une NFS, un bilan martial, et un bilan d’hémostase standard. En cas de suspicion élevée, l’orientation vers un hématologue est recommandée pour un bilan spécialisé : dosage des facteurs VIII, IX, XIII, von Willebrand, étude de la fonction plaquettaire, etc.
La prise en charge optimale est multidisciplinaire : pédiatre (prévention de la carence en fer), gynécologue (traitement hormonal, exploration pelvienne), et hématologue (diagnostic étiologique et traitement ciblé). Les traitements de première ligne incluent les hormones et l’acide tranexamique, dont l’efficacité est bien établie.
La sensibilisation des professionnels et des patientes reste un enjeu majeur : moins de 20 % des femmes reçoivent un dosage de facteur von Willebrand, et la majorité des gynécologues ne suspectent pas spontanément un trouble de l’hémostase. Une meilleure formation et une collaboration étroite entre disciplines sont essentielles pour améliorer le diagnostic et la qualité de vie des patientes.