Malgré l’acceptation croissante du besoin de répondre aux urgences climatiques et écologiques par de profondes transformations systémiques de nos sociétés, les interventions politiques et les changements de nos modes de vie restent entravés par de nombreux freins structuraux, sociaux et financiers, ainsi que de nombreuses barrières psychologiques au changement qui caractérisent notre relation aux problèmes climatiques et environnementaux 1 - 3 , sans mentionner les campagnes actives de désinformation menées par des groupes d’intérêt liés aux énergies fossiles notamment 4 , 5 . Néanmoins, les annonces qui se succèdent d’événements extrêmes liés au dérèglement du climat (incen-dies, sécheresses, inondations, etc.) et qui touchent également les pays occidentaux le rendent de plus en plus tangible et rappellent l’urgence de réduire drastiquement et rapidement les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
De nombreuses collectivités mettent en place des stratégies climatiques, ou « plans climat », afin de définir des objectifs de réduction des émissions de GES et guider l’implémentation de mesures. L’identification et la promotion des « cobénéfices » découlant de ces politiques climatiques, c’est-à-dire des bénéfices pour la santé, l’emploi ou tout secteur socio-économique, peuvent en renforcer l’acceptabilité. En effet, les menaces découlant du dérèglement climatique sont encore perçues dans les pays occidentaux comme distantes et abstraites, dans le temps ou dans l’espace. Dès lors, il peut paraître judicieux de souligner les bienfaits directs et immédiats, notamment en termes de santé, résultant de ces politiques publiques. Par exemple, les cobénéfices pour la santé découlant de mesures visant à réduire la dépendance à la mobilité motorisée sont nombreux (voir le chapitre 32 sur la pratique de la mobilité active). De même, il existe une marge pour promouvoir l’adoption d’une alimentation qui soit à la fois plus saine et plus durable (voir le chapitre 33 sur l’alimentation saine et durable). Les mesures visant à lutter contre la perte de la biodiversité et à renforcer la résilience des territoires en valorisant les espaces verts sont également reconnues comme pouvant être grandement bénéfiques pour la santé des populations (voir le chapitre 34 sur le contact avec la nature). Ces trois domaines sont explorés dans les chapitres qui suivent.
Faire converger des objectifs d’ordres environnementaux et socio-économiques en favorisant l’identification de potentielles synergies est nécessaire au vu de la complexité des enjeux de transition. En termes économiques, une meilleure prise en compte des cobénéfices à court ou moyen terme permettrait notamment de justifier les investissements nécessaires aux politiques environnementales. Mais les cobénéfices intersectoriels restent insuffisamment pris en compte dans la planification de politiques climatiques, notamment du fait du manque d’identification des objectifs communs entre différents secteurs, des difficultés aux collaborations intersectorielles et du manque d’intégrations horizontale et verticale des mesures prises par différentes institutions et acteurs 3 , 6 .