Les soignants ont souvent une perception stéréotypée et stigmatisante des patients ayant un usage récurrent des services des urgences : il s’agirait de patients issus de minorités ethniques, non assurés, présentant des comorbidités mentales et des dépendances, peu scrupuleux du système de soins et se présentant pour des demandes non urgentes. Cette revue systématique de la littérature s’intéresse à ce type particulier de patients au travers de leurs caractéristiques démographiques, leurs besoins et demandes, et leurs spécificités dans l’utilisation du système de soins.1
Parmi les 25 études américaines retenues, les patients ayant recours aux services d’urgence quatre fois ou plus au cours des douze derniers mois (frequent users) représentent 4,5 à 8% des patients mais 21 à 28% de l’ensemble des consultations aux urgences. Il s’agit d’une clientèle essentiellement caucasienne, d’une moyenne d’âge de 40 ans, dont seuls 15% ne sont pas assurés. Fréquemment plus malades, leur probabilité d’hospitalisation est plus importante ; de plus, ils décrivent un sentiment de moins bonne santé. Ils ont plus fréquemment un médecin de premier recours, et sont des «consommateurs» plus importants de l’ensemble du système de soins, aussi bien en pratique privée que dans les institutions publiques.
Commentaire : Même si cette revue systématique se limite exclusivement à des études américaines issues d’une recherche sur une seule base de données (Medline), ses enseignements sont intéressants et vont à contre-sens des stéréotypes habituels des soignants. Une information inattendue est que seuls 15% des patients faisant un usage récurrent des urgences ne sont pas assurés. A quand une étude similaire chez la population clandestine en Suisse (quelque 100 000 personnes pour la plupart non assurées) ?