Sommaire du numéro
ISO 690 Nau, J., Y., «Les Suisses sont très sujets à la nostalgie» (5), Med Hyg, 2004/2502 (Vol.62), p. 2151–2151. DOI: 10.53738/REVMED.2004.62.2502.2151 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2004/revue-medicale-suisse-2502/les-suisses-sont-tres-sujets-a-la-nostalgie-5
MLA Nau, J., Y. «Les Suisses sont très sujets à la nostalgie» (5), Med Hyg, Vol. 62, no. 2502, 2004, pp. 2151–2151.
APA Nau, J., Y. (2004), «Les Suisses sont très sujets à la nostalgie» (5), Med Hyg, 62, no. 2502, 2151–2151. https://doi.org/10.53738/REVMED.2004.62.2502.2151
NLM Nau, J., Y.«Les Suisses sont très sujets à la nostalgie» (5). Med Hyg. 2004; 62 (2502): 2151–2151.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2004.62.2502.2151
Exporter la citation Zotero (.ris) EndNote (.enw)
En marge
27 octobre 2004

«Les Suisses sont très sujets à la nostalgie» (5)

DOI: 10.53738/REVMED.2004.62.2502.2151

Après avoir tenté de faire acte, durable, de contrition (Médecine et Hygiène des 29 septembre, 6, 13 et 20 octobre) quant au titre de cette chronique – que nous porterions sinon désormais comme l’équivalent d’une bien lourde croix – passons à la réalisation d’une promesse linguistique: celle de révéler quelques-uns des nouveaux mots de la langue française ; du moins quelques-uns des nouveaux mots qui ont l’honneur en cet an de grâce 2005 d’entrer dans ce temple symptomatique de l’évolution de cette langue qu’est le Petit Larousse. Et, pour mieux – peutêtre – nous faire pardonner de nos lecteurs suisses, traitons d’emblée des nouveaux «mots, sens et expressions du monde francophone» qui ont trouvé place en ce temple. Les citoyens de la Confédération helvétique ne manqueront pas ainsi de goûter les émergences, désormais officielles sinon pleinement hexagonales, de différents mots dont le Larousse nous affirme qu’ils les concernent au premier chef. A savoir : «Ballon» (petit pain de forme sphérique) ; «Boulle» (gros beignet fourré à la confiture); «Chancelier, ère» (en Suisse, haut fonctionnaire associé aux travaux du gouvernement) et «Lutrin» (pupitre pour les partitions musicales). Quelles farines pour quels «ballons» ? Quelles confitures pour quelles «boulles» ? Quels travaux pour quels «chanceliers, ères» ? On peine à le savoir.

D’autres lieux éminents de la francophonie sont, bien évidemment, concernés. A commencer par l’Acadie depuis laquelle les maîtres du Larousse font resurgir «Eloise» (ce nom féminin issu du gaulois qui définit un éclair d’orage) et «Embourrer», verbe transitif voulant traduire les actions d’envelopper, de couvrir, d’empaqueter. Au choix : Embourrer un cadeau ; S’embourrer dans ses couvertures.

Le Québec ? C’est une nouvelle fois la jubilation, la kermesse des mots, du passé et de la créativité réunis. A commencer, en écho avec les Acadiens, le «Bourrasser» cet autre verbe transitif qui réunit les acceptions du trio : rudoyer, malmener et maltraiter. Nous jonglons ainsi avec «Bébelle» (objet quelconque ; gadget) et «Bonhomme» (Bonhomme sept heures ; personnage imaginaire qu’on évoque pour faire peur aux enfants). «Cagoulard» n’est plus, en ces quelques arpents perdus de neige, le nom donné dans la vieille Europe à des enfants perdus membres d’organisations profascistes ; pour autant les résonances demeurent qui font que ce terme désigne un «malfaiteur opérant le visage couvert d’une cagoule». En ces mêmes arpents les mots de l’étude et de la médecine ne sont jamais loin ; «finissant» désigne l’étudiant qui termine un cycle d’études quand la «denturologie» définit cette partie de l’odontologie qui ne concerne que les prothèses dentaires. «Mentorat» ? L’aide apportée à un débutant par une personne expérimentée qui contribue bénévolement à son développement personnel ou professionnel. La «jasette» ? Un nom féminin équivalent de la causette. «Marabout» et «mêlant» ? Deux adjectifs désignant l’un le fait d’être de mauvaise humeur, l’autre le caractère de ce qui est difficile à comprendre, embrouillé, confus. Ainsi est-il quelque peu mêlant de ne pas savoir que «prélart» est un linoléum, que l’adjectif «quétaine» qualifie indifféremment l’absence d’originalité et le mauvais goût tandis que la «table» est aussi, au Québec, le choix de menus à prix fixes proposés dans un restaurant.

«Par après» ? Dans cette Belgique qui souffre tant et tant la gravité de ses troubles identitaires cela signifie par la suite. «Avaloir» tire sa signification du verbe avaler et, loin des tractations marchandes de l’argent, nous renvoie, non sans brutalité à la fonte de la bouche d’égout. Dans la nation réunissant Flandres et Wallonie, les francophones entendent par «bleu(e)» le fait d’être épris(e) de quelqu’un(e) ou d’être passionné(e) par quelque chose. La «bloque» est, dans l’enseignement supérieur, la période de préparation des examens. «Brûlant» ? Il ne s’agit que de brûlures d’estomac. Quant à l’ampoule, à la cloque, l’outre-Quievrain parle de «cloche». Pour ce qui est de «bazar», les dictionnaires de France nous rappellent que le mot vient du persan bâzâr (on parle aussi de «souk») qui désigne les marchés publics orientaux ; du moins depuis 1432 et les croisades qui précédèrent cette date. Par extension, et depuis 1816, le bazar est devenu le lieu, le magasin, la boutique où l’on vend toutes sortes d’objets et d’ustensiles. Bien avant la fin du XIXe, le mot bascule pour, de manière à la fois figurative et familière, désigner une maison en désordre au sein de laquelle tout est pêle-mêle («Quel bazar !»). Un mouvement à la fois réductionniste et focalisant voudra bientôt, par extension que le bazar traite du seul désordre des objets («Range ton bazar !»). En Belgique, aujourd’hui, ce nom à la fois commun et masculin a pour signification (selon le Petit Larousse) : «objet quelconque ; machin, bidule». Ranger son bidule ? Toute référence à une quelconque forme (masculine) de sexualité serait, chaque lecteur en conviendra, du plus mauvais goût. Puisque, cependant, nous en sommes là ; «bidule» aurait à voir avec désordre, avec «boue», avec «embrouille» sinon avec bizness.

JE M'ABONNE DÈS AUJOURD'HUI

et j'accède à plus de contenu

Abonnement

100%

Numérique à partir de

CHF 170.-

(pour les médecins)

Abonnement

100%

Numérique à partir de

EUR 150.-

(pour les médecins)

Révéler quelques-uns des nouveaux mots de la langue française? Du moins quelques-uns des nouveaux mots qui ont l’honneur en cet an de grâce 2005 d’entrer dans ce temple symptomatique de l’évolution de cette langue qu’est le Petit Larousse ? Victime du temps qui passe toujours si vite, nous n’avons pas tenu notre promesse introductive. Disposons d’ores et déjà notre «lutrin» pour à coup sûr la tenir la semaine prochaine.

(A suivre)

J. Y. Nau

Auteurs

Le produit a bien été ajouté au panier ! Vous pouvez continuer votre visite ou accéder au panier pour finaliser votre commande.

Voir le Panier

Mot de passe oublié

Veuillez entrer votre adresse email ci-dessous pour recevoir un lien de réinitialisation de mot de passe

Un e-mail a été envoyé à votre adresse email. Suivez les instructions fournies pour réinitialiser votre mot de passe

Aucun compte n'est associé à cette adresse e-mail.

Nouveau mot de passe

Vous pouvez créer votre nouveau mot de passe ici

Votre mot de passe a bien été modifié!

Cliquez ici pour vous connecter

Nous ne sommes pas en mesure de changer votre mot de passe.

Certains de ces cookies sont essentiels, tandis que d'autres nous aident à améliorer votre expérience en vous fournissant des informations sur la manière dont le site est utilisé.

Paramétrer les cookies
  • Les cookies nécessaires activent la fonctionnalité principale. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.

  • Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques de fréquentation anonymes du site de la Revue Médicale Suisse afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus. En désactivant ces cookies, nous ne pourrons pas analyser le trafic du site de la Revue Médicale Suisse

  • Ces cookies permettent à la Revue Médicale Suisse ou à ses partenaires de vous présenter les publicités les plus pertinentes et les plus adaptées à vos centres d’intérêt en fonction de votre navigation sur le site. En désactivant ces cookies, des publicités sans lien avec vos centres d’intérêt supposés vous seront proposées sur le site.

  • Ces cookies permettent d’interagir depuis le site de la Revue Médicale Suisse avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation, lorsque vous cliquez sur les fonctionnalités de partage de Facebook et de Twitter, par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les articles de la Revue Médicale Suisse depuis le site de la Revue Médicale Suisse sur les réseaux sociaux.