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ISO 690 Nau, J., Atermoiements varioliques, Rev Med Suisse, 2011/298 (Vol.7), p. 1286–1286. DOI: 10.53738/REVMED.2011.7.298.1286 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2011/revue-medicale-suisse-298/atermoiements-varioliques
MLA Nau, J. Atermoiements varioliques, Rev Med Suisse, Vol. 7, no. 298, 2011, pp. 1286–1286.
APA Nau, J. (2011), Atermoiements varioliques, Rev Med Suisse, 7, no. 298, 1286–1286. https://doi.org/10.53738/REVMED.2011.7.298.1286
NLM Nau, J.Atermoiements varioliques. Rev Med Suisse. 2011; 7 (298): 1286–1286.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2011.7.298.1286
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8 juin 2011

Atermoiements varioliques

DOI: 10.53738/REVMED.2011.7.298.1286

Nous évoquions il y a peu (Revue médicale suisse du 1er juin) cette avancée spectaculaire que constitue l’obtention de l’éradication planétaire de la peste bovine et le défi que constituait, désormais, la phase de la «postéradication». Le virus responsable de cette maladie animale est encore détenu par différents laboratoires dans une quarantaine de pays, ce qui ne peut que faire redouter des fuites accidentelles ou son utilisation lors d’actes de bioterrorisme. «Où l’on retrouve la problématique de la variole et la nécessité d’une gestion fiable et transparente de ces réservoirs viraux» écrivions-nous alors.

Or au moment précis où Bernard Vallat, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale, annonçait officiellement à Paris l’éradication de la peste bovine, la 64e Assemblée mondiale de la santé réunie – comme toujours – à Genève procédait à la réouverture de l’épais dossier variolique. On connaît l’essentiel de la problématique. Après un plan de lutte lancé en 1967 (on comptait alors plus de dix millions de cas annuels de variole) et grâce à une coopération internationale exemplaire (plus de 200 000 agents sanitaires utilisant près de 2,5 milliards de doses vaccinales), l’éradication était officiellement annoncée le 8 mai 1980 et la vaccination antivariolique abandonnée. C’est ainsi que la question de la destruction des stocks viraux se pose de manière récurrente depuis plus de vingt ans.

1980, les trois anciens directeurs du Programme d’éradication globale de la variole, les Drs J. Donald Millar, William H. Foege et J. Michael Lane, lisent le texte annonçant officiellement le succès de cette entreprise.

Petits et édifiants retours en arrière. En 1976, on comptait 76 pays détenteurs de souches varioliques dans le monde. L’année suivante, leur nombre officiel était tombé à six : les Etats-Unis, la Chine, les Pays-Bas, l’Afrique du Sud, l’Union soviétique et le Royaume-Uni. Sous l’égide de l’OMS, le nombre des pays pouvant officiellement détenir ces souches fut ensuite ramené à trois : l’URSS, les Etats-Unis et l’Afrique du Sud. A la surprise générale, en décembre 1983, Johannesburg annonça avoir décidé de procéder à la destruction volontaire de ses stocks.

En décembre 1990, le comité des orthopoxyviroses de l’OMS déclarait que tous les stocks de virus variolique conservés à travers le monde devraient être détruits avant le 31 décembre 1993. Ce virus était alors – du moins officiellement – conservé dans deux endroits : à Moscou, à l’Institut de recherche sur les préparations vaccinales, et à Atlanta (Etats-Unis). Les Soviétiques annonçaient qu’ils détenaient «plus de 100 échantillons» et les Américains «plus de 400». «La communauté mondiale tient à être absolument certaine qu’il n’existe aucun risque, aussi infime soit-il, d’infection accidentelle ou d’utilisation du virus avec l’intention de nuire. La décision de détruire les stocks restants de virus variolique d’ici à décembre 1993 devrait calmer ces craintes», expliquait-on en décembre 1990 au siège de l’Organisation mondiale de la santé.

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Mais la recommandation de l’OMS divisait déjà la communauté des virologistes. D’un côté, ceux opposés à la destruction des stocks faisaient valoir tout l’intérêt scientifique qu’il pourrait y avoir demain à étudier les bases structurelles de la dangerosité et de la très grande infectiosité de ce virus vis-à-vis de l’espèce humaine. Ils se demandaient également si les stocks d’Atlanta et de Moscou étaient vraiment les derniers. D’autres, enfin, soulignaient que ce virus faisait –qu’on le veuille ou non – partie du patrimoine biologique universel et que l’homme ne pouvait décider de sa destruction définitive. A l’inverse, d’autres virologistes réfutaient l’intérêt des recherches qui pourraient être menées sur ce virus. Ils soulignaient aussi l’importance qu’il fallait donner à l’accord de principe des autorités russes pour détruire les stocks dont elles disposaient, mettant ainsi un terme à la menace de leur utilisation dans le cadre d’une guerre bactériologique.

En 1994, l’OMS annonça la destruction de ces stocks viraux avant 1995. Puis en 1996, rendez-vous fut pris pour 1999. Puis en 1999, on s’accorda pour 2002. Puis vint le 11 septembre 2001 et la résurgence des craintes du bioterrorisme... En 2007, l’OMS lançait une enquête pour parvenir en 2011 «à un consensus mondial sur la date de destruction des stocks de virus variolique existants». Et nous voici en 2011 avec un feuilleton qui continue : la 64e Assemblée mondiale de la santé vient de décider de ne pas y répondre avant ... au mieux 2014. Cette fois ce sont les Etats-Unis et la Russie qui se sont clairement opposés à la destruction. Après deux jours de débats houleux, ils ont réussi à faire prévaloir leur point de vue en avançant – une nouvelle fois – des arguments scientifiques : ces virus pourraient permettre de mettre au point des vaccins plus efficaces que celui issu de la vaccine en cas de résurgence de la maladie. Ils redoutent en réalité que certains pays disposent de stocks secrets. On observera que parmi les pays réclamant la destruction figurent l’Iran, la Thaïlande, le Zimbabwe et la Malaisie.

Seule certitude : l’OMS détient «en Suisse et en toute sécurité» un stock d’urgence de 32,6 millions de doses de vaccin antivariolique. En outre, cinq pays ont promis de fournir à l’OMS, en cas de besoin, 31 millions de doses supplémentaires : l’Allemagne, les Etats-Unis, la France, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.

Auteurs

Jean-Yves Nau

jeanyves.nau@gmail.com

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