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ISO 690 Nau, J., Qui doit dépister les troubles de l’attention avec (ou sans) hyperactivité ?, Rev Med Suisse, 2015/463 (Vol.11), p. 528–529. DOI: 10.53738/REVMED.2015.11.463.0528 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2015/revue-medicale-suisse-463/qui-doit-depister-les-troubles-de-l-attention-avec-ou-sans-hyperactivite
MLA Nau, J. Qui doit dépister les troubles de l’attention avec (ou sans) hyperactivité ?, Rev Med Suisse, Vol. 11, no. 463, 2015, pp. 528–529.
APA Nau, J. (2015), Qui doit dépister les troubles de l’attention avec (ou sans) hyperactivité ?, Rev Med Suisse, 11, no. 463, 528–529. https://doi.org/10.53738/REVMED.2015.11.463.0528
NLM Nau, J.Qui doit dépister les troubles de l’attention avec (ou sans) hyperactivité ?. Rev Med Suisse. 2015; 11 (463): 528–529.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2015.11.463.0528
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point de vue
25 février 2015

Qui doit dépister les troubles de l’attention avec (ou sans) hyperactivité ?

DOI: 10.53738/REVMED.2015.11.463.0528

L’enfer du médecin généraliste français n’est pavé que de bonnes intentions. «Pivot du système de santé», il se voit régulièrement confier de nouvelles tâches. C’est à nouveau, depuis quelques jours, le cas avec le «trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité» (TDAH). Une vieille histoire déjà que le TDAH – identifié il y a plus d’un siècle avant d’être redécouvert il y a cinquante ans, puis classé de diverses manières dans les grilles des troubles psychologiques et/ou psychiatriques. C’est aussi une entité qui alimente de manière récurrente une violente polémique (aux Etats-Unis notamment) portant sur ses causes et, plus encore, sur le recours massif au méthylphénidate, inhibiteur de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline.

Analytiques ou cognitivistes, les spécialistes se battent encore et toujours. Combat sans fin, de l’œuf (génomique) et de la poule (familiale, environnementale), pour dire si cette entité est, ou pas, une construction de l’esprit. Mais c’est là, en France du moins, un débat qui ne doit plus dévier les médecins généralistes de leur nouvelle mission : repérer et prédiagnostiquer le TDAH. C’est l’une des conclusions de la recommandation que la Haute autorité française de santé (HAS) vient de rendre publique sur ce thème1 après avoir été saisie de la question par la Direction générale de la santé.

Coprésidé par les Drs Jean Chambry, pédopsychiatre, et Dominique Girardon, médecin généraliste, le groupe de travail de la HAS ne cache pas aux officiers de santé la difficulté de leur tâche. «Souvent réduit au terme "hyperactivité" ou à des enfants turbulents, le TDAH est un trouble complexe, difficile à repérer et qui associe différents symptômes» prévient-il.

La base généraliste doit bien comprendre : contrairement à son acception réduite à l’«hyperactivité» (enfants hyperactifs, agités, turbulents, violents, etc.), le TDAH associe trois symptômes. Mais trois symptômes dont l’intensité et les manifestations varient et qui peuvent (selon l’âge et l’environnement) avoir des expressions très différentes : déficit de l’attention, hyperactivité motrice, impulsivité.

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Ajoutons qu’il n’existe pas de signes neurologiques ou physiques spécifiques. Et que les signes évocateurs du TDAH peuvent être semblables à ceux d’autres troubles (des apprentissages, du comportement, de la précocité intellectuelle, des troubles anxieux, de la dépression, de la maltraitance, des troubles du spectre autistique, etc.). Ce qui complique d’autant le diagnostic.

Comment faire ? La HAS l’explique : «Lors d’une ou plusieurs consultations, le médecin va étayer les hypothèses et éventuellement établir un prédiagnostic de TDAH en s’intéressant à la souffrance de l’enfant, son contexte social, son processus d’apprentissage et ses relations au sein de la famille. Après ces consultations – qu’il aura menées avec la famille et également avec l’enfant seul (d’autant plus s’il s’agit d’un adolescent) – le médecin de premier recours pourra décider d’orienter l’enfant vers un médecin spécialiste du TDAH.»

Mais qui est-il donc, ce spécialiste d’une entité à ce point discutée ? «Un professionnel ayant acquis une compétence dans le diagnostic et la prise en charge de ce trouble ; il peut s’agir d’un médecin psychiatre, pédopsychiatre, pédiatre, neuro-pédiatre ou neurologue…». C’est lui qui portera le diagnostic et organisera la prise en charge «globale et adaptée aux symptômes de l’enfant et à leur sévérité». D’abord une prise en charge non médicamenteuse. Puis, si c’est insuffisant, un traitement au méthylphénidate.2

Pour la HAS, l’apport du généraliste est ici plus que précieux : il est «crucial». Et sans doute ce médecin devra-t-il, comme l’a précisé le Dr Dominique Girardon devant la presse, «se mettre à jour, avoir une démarche personnelle et se former». Et c’est ainsi, une nouvelle fois, que l’on demande au généraliste, non sans candeur et toutes affaires cessantes, de bien vouloir faire preuve d’une indémontable bonne volonté et d’un dévouement infini.

«Il y a de toute évidence un problème de sous-diagnostic en France, observe le Pr Manuel Bouvard, responsable du pôle universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Hôpital Charles Perrens, Bordeaux). Les pays méditerranéens partagent quelque chose qui brouille les cartes depuis plus d’un siècle, c’est l’idée que ces problèmes de comportement et d’attention sont la conséquence de problèmes éducatifs ou d’émotivité. On n’a jamais voulu identifier le TDAH comme un problème à part entière.»

Aux antipodes de cette lecture, le psychiatre et psychanalyste Patrick Landman publie un livre intitulé «Tous hyperactifs ?»3 dans lequel il va jusqu’à nier l’existence même de ce que l’on recommande de diagnostiquer.

«Après les enfants "hyperactifs", ce sont maintenant les adultes stressés, distraits, débordés ou débordant d’activités qui souffriraient de TDAH, prévient-il. Or, ce trouble est considéré comme un problème important de santé publique par les uns, comme une fausse épidémie par d’autres – et comme une catastrophe par ceux qui s’élèvent contre la prescription associée de dérivés d’amphétamine dont on ignore les effets à long terme.»

Et il y a quelques jours, il déclarait au quotidien Le Figaro : «Ceux qui prétendent que c’est une maladie neuro-développementale prennent leurs hypothèses pour une réalité». Pour lui, le TDAH ressortirait du «disease mongering», une maladie créée par les laboratoires pharmaceutiques pour mieux vendre leur molécule, ce qu’il nomme, lui, dans cet article, le «psycho-marketing».

«Lorsque vous prenez une aspirine pour faire baisser votre fièvre, cela fonctionne mais vous n’en déduisez pas que vous aviez un déficit en aspirine, explique-t-il encore. C’est la même chose avec le méthylphénidate: il ne guérit pas, il marche, ce qui n’est pas la même chose. En psychiatrie, les médicaments ont leur place, mais pas toute la place. Le méthylphénidate peut être utile car il permet d’offrir un répit à l’enfant et à l’entourage. Mais à condition de faire un vrai diagnostic qui tienne compte du contexte. Ne voir l’enfant qu’une fois par an pour renouveler la prescription ne sert à rien : il faut profiter du répit qu’apporte le médicament pour soutenir l’enfant, éventuellement prendre des mesures sociales ou éducatives, etc.»

Cette lecture quelque peu divergente n’est pas celle qui est offerte aux généralistes français. Ces derniers ne seront appelés, après le prédiagnostic et uniquement dans certains cas, que pour renouveler, chaque mois, l’ordonnance médicamenteuse. C’est un peu court pour s’investir.

Auteurs

Jean-Yves Nau

jeanyves.nau@gmail.com

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