Sommaire du numéro
ISO 690 Antiochos, P., Muller, O., Kirsch, M., Agostini, M., Qanadli, S., Eeckhout, E., Vogt, P., Prêtre, R., Delabays, A., Jeanrenaud, X., Monney, P., L’insuffisance mitrale : mise au point en 2016, Rev Med Suisse, 2016/520 (Vol.12), p. 1042–1048. DOI: 10.53738/REVMED.2016.12.520.1042 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2016/revue-medicale-suisse-520/l-insuffisance-mitrale-mise-au-point-en-2016
MLA Antiochos, P., et al. L’insuffisance mitrale : mise au point en 2016, Rev Med Suisse, Vol. 12, no. 520, 2016, pp. 1042–1048.
APA Antiochos, P., Muller, O., Kirsch, M., Agostini, M., Qanadli, S., Eeckhout, E., Vogt, P., Prêtre, R., Delabays, A., Jeanrenaud, X., Monney, P. (2016), L’insuffisance mitrale : mise au point en 2016, Rev Med Suisse, 12, no. 520, 1042–1048. https://doi.org/10.53738/REVMED.2016.12.520.1042
NLM Antiochos, P., et al.L’insuffisance mitrale : mise au point en 2016. Rev Med Suisse. 2016; 12 (520): 1042–1048.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2016.12.520.1042
Exporter la citation Zotero (.ris) EndNote (.enw)
cardiologie
25 mai 2016

L’insuffisance mitrale : mise au point en 2016

DOI: 10.53738/REVMED.2016.12.520.1042

Mitral regurgitation (MR) is the most frequent valvular disease in industrialised countries. MR is classified as primary (mostly degenerative with valve prolapse) or secondary (mainly due to underlying ischemic heart disease resulting in deformation of the valve structure). Surgical repair represents the optimal treatment for severe primary MR, whereas the benefits of surgical correction of secondary MR are controversial. Over the past few years, transcatheter techniques have been developed to treat MR, such as the percutaneous edge-to-edge procedure (MitraClip). These approaches represent a novel therapeutic choice for patients judged inoperable by the « heart team ». This review article aims to summarize the principles of MR assessment and discuss current therapeutic options for severe MR, taking into account the latest advances in the field.

Résumé

L’insuffisance mitrale (IM) est une valvulopathie fréquente qui s’associe, lorsqu’elle est sévère, à un pronostic défavorable. On distingue l’IM organique, résultant d’une lésion de la valve elle-même, pour laquelle la place du traitement chirurgical est bien établie, et l’IM fonctionnelle, résultant d’une déformation de la valve, consécutive à une dilatation du ventricule gauche, pour laquelle l’efficacité d’une correction chirurgicale est controversée. Parallèlement à la chirurgie, de nouvelles techniques de réparation mitrale percutanée sont disponibles ou en cours de développement. Cet article a pour but de rappeler les principes de dépistage et d’évaluation d’une IM, et de présenter les options thérapeutiques actuelles de l’IM sévère d’après des publications récentes.

Introduction

L’insuffisance mitrale (IM) est une pathologie fréquente, touchant 1,7 % de la population générale aux Etats-Unis.1 Elle est la deuxième valvulopathie en termes de prévalence après la sténose aortique,2 et s’associe à un pronostic défavorable lorsqu’elle devient sévère.3,4 Cet article rappellera l’anatomie de la valve, les mécanismes physiopathologiques et critères diagnostiques d’une IM, et passera en revue les options de traitements chirurgical et non chirurgical actuelles.

Anatomie de la valve mitrale et mécanismes de l’insuffisance mitrale

La valve mitrale est composée d’un anneau, de deux feuillets asymétriques et des cordages non élastiques attachés aux muscles papillaires, parties intégrantes du ventricule gauche (VG) (figure 1). Sa fonction repose sur une interaction coordonnée de chacun de ses composants, la défaillance d’un seul d’entre eux pouvant causer une IM significative. Il est donc essentiel de caractériser le mécanisme d’une IM au même titre que sa sévérité. On distingue ainsi deux grandes classes d’IM : l’IM primaire (ou organique) et l’IM secondaire (ou fonctionnelle).

Fig 1

Appareil mitral

Anatomie normale de l’appareil mitral comprenant l’anneau valvulaire (têtes de flèches rouges), les feuillets valvulaires (flèches noires) et les cordages mitraux (flèches vertes) directement attachés à la tête des deux muscles papillaires (*).

L’IM primaire résulte d’une lésion de la valve elle-même (figure 2A), le plus souvent dégénérative (dégénérescence myxoïde ou fibro-élastique) ou inflammatoire (rhumatisme articulaire).2 En cas d’IM primaire, le VG est initialement de taille et de fonction normales, mais la surcharge de volume cause une dilatation progressive du ventricule et de l’oreillette gauches, et peut induire une dysfonction du VG. Au plan clinique, le patient développe un tableau d’insuffisance cardiaque gauche progressive, parfois déclenchée par un accès de fibrillation atriale.5 Le traitement de l’IM primaire est essentiellement chirurgical, permettant une amélioration du pronostic.3,6

Fig 2

Insuffisance mitrale primaire vs secondaire

A. Dégénérescence myxoïde avec prolapsus du feuillet postérieur et rupture de cordage (flèche rouge) responsable d’une insuffisance mitrale sévère. Echocardiographie transœsophagienne avec reconstruction tridimensionnelle (ETO 3D) en télésystole, vue « chirurgicale » (image de gauche) et modélisation quantitative de la valve indiquant en rouge le degré de prolapsus des feuillets au-dessus de l’anneau mitral (image de droite). B. Cardiomyopathie dilatée sévère avec insuffisance mitrale fonctionnelle. La déformation de la valve par traction des cordages empêche la coaptation des feuillets, résultant en un orifice visible en ETO 3D, vue « chirurgicale » (image de gauche). Le modèle quantitatif indique en bleu le degré de restriction des feuillets mitraux en-dessous du plan de l’anneau (image de droite).

L’insuffisance mitrale secondaire est la forme la plus fréquente d’IM dans la population.7 Elle survient en présence d’une cardiopathie dilatée – ischémique ou non ischémique – où la valve est de structure normale mais se trouve déformée par la dilatation de l’anneau et la traction exercée sur les feuillets par les cordages mitraux, consécutive au déplacement apical et latéral des muscles papillaires (figure 2B).810 En présence d’une dysfonction systolique du VG, l’IM secondaire confère un pronostic défavorable, tant dans la cardiopathie ischémique11,12 que dilatative.4,13 Le traitement chirurgical d’une IM secondaire est toutefois controversé, aucune étude n’ayant pu démontrer une amélioration en termes de survie.14,15

JE M'ABONNE DÈS AUJOURD'HUI

et j'accède à plus de contenu

Abonnement

100%

Numérique à partir de

CHF 170.-

(pour les médecins)

Abonnement

100%

Numérique à partir de

EUR 150.-

(pour les médecins)

Dépistage de l’insuffisance mitrale et quantification de la sévérité

L’IM se dépiste lors de tout examen clinique. A l’auscultation, elle se caractérise par un souffle holosystolique d’intensité constante, débutant en même temps que le premier bruit cardiaque et s’arrêtant avec le second bruit cardiaque. Le souffle est ausculté à l’apex et irradie classiquement vers le creux axillaire. Toutefois, en présence d’un prolapsus du feuillet postérieur, le jet d’IM est dirigé antérieurement et causera une irradiation vers le foyer aortique. Dans les cas plus avancés ou associés à une insuffisance cardiaque, on notera la présence d’un B3 et d’un choc de pointe élargi.

L’échocardiographie transthoracique (ETT) est incontournable car elle permet en un seul examen de poser le diagnostic d’IM, d’en quantifier la sévérité, d’élucider son mécanisme, de juger de sa réparabilité et d’évaluer ses conséquences hémodynamiques en termes de dilatation des cavités cardiaques et de dysfonction systolique du VG, qui conditionneront l’indication opératoire.16 Le diagnostic d’IM et la quantification de sa sévérité sont essentiellement basés sur le Doppler couleur qui identifie un jet turbulent rétrograde à travers la valve mitrale. La taille de l’orifice régurgitant (ERO) peut être calculée à partir des signaux Doppler et représente le critère quantitatif principal de la sévérité de l’IM (figure 3).12,16,17 Le mécanisme et la réparabilité de l’IM sont évalués lors d’un examen systématique de la valve, de l’appareil sous-valvulaire et du ventricule gauche,18 qui permettra de caractériser l’IM selon la classification de Carpentier (tableau 1).19

Fig 3

Quantification de la sévérité de l’IM en Doppler par méthode PISA (Proximal Isovelocity Surface Area)

A. Après adaptation de la vitesse d’aliasing du signal Doppler (VA), on mesure le diamètre de la zone de convergence du signal Doppler couleur (« rayon de PISA »). B. A l’aide d’un Doppler continu, on trace le spectre Doppler du jet de régurgitation afin de mesurer la vitesse maximale du jet régurgitant (Vmax) et l’aire sous la courbe du signal (VTI : velocity-time integral). Sur la base de ces mesures, l’orifice régurgitant (ERO) et le volume régurgitant peuvent être calculés. L’ERO est un critère quantitatif majeur de la sévérité d’une IM (critère de sévérité : IM organique > 40 mm2 ; IM fonctionnelle > 20 mm2).

Tableau 1

Classification de Carpentier pour le mécanisme de l’insuffisance mitrale chronique

IM : insuffisance mitrale ; OG : oreillette gauche ; VG : ventricule gauche.

Après l’évaluation par ETT, l’échocardiographie transœsophagienne avec reconstruction tridimensionnelle (ETO 3D) est aujourd’hui exigée avant toute approche correctrice puisqu’elle permet un examen morphologique détaillé de la valve et de l’appareil sous-valvulaire. L’ETO 3D visualise la valve mitrale dans la même orientation que la verrait le chirurgien durant l’opération (figures 2), ce qui permet une identification plus précise des lésions valvulaires et une meilleure évaluation de la réparabilité chirurgicale18 ou percutanée.20 L’ETO 3D couleur permet une mesure directe de la taille de l’orifice régurgitant et reflète plus précisément la sévérité des IM dont l’orifice est elliptique ou irrégulier (figure 4).21,22

Fig 4

Mesure directe de l’orifice régurgitant par planimétrie directe de la vena contracta en ETO 3D couleur

A. Important tenting de la valve mitrale avec large défaut de coaptation. B. En Doppler couleur 3D, le jet d’insuffisance est large, s’étendant sur toute la ligne de coaptation de feuillets. C-E. Décomposition du signal Doppler couleur en 3 plans 2D, permettant d’en apprécier la morphologie à la vena contracta (image E). F. La planimétrie du signal à la vena contracta indique un orifice régurgitant anatomique (ARO) de 98 mm2, diagnostic d’une insuffisance mitrale (IM) très sévère. ETO 3D : échocardiographie transœsophagienne avec reconstruction tridimensionnelle.

Techniques chirurgicales de prise en charge de l’insuffisance mitrale

Le traitement chirurgical d’une IM primaire ou secondaire peut faire appel à des techniques de réparation valvulaire mitrale ou de replacement valvulaire mitral. Ces techniques peuvent être effectuées de manière conventionnelle par sternotomie médiane ou par des approches dites « moins invasives » par mini-thoracotomies, assistées par thoracoscopie ou robotique. Ces dernières semblent pouvoir être réalisées avec des résultats similaires aux approches conventionnelles en termes de mortalité et de durabilité des réparations et permettent de réduire le saignement, les transfusions, les durées de ventilation, de séjour en réanimation et d’hospitalisation, avec en plus un bénéfice esthétique.23

Réparation valvulaire mitrale

Bien que techniquement plus exigeante, la réparation ou plastie valvulaire mitrale (PVM) est préférable au remplacement valvulaire mitral (RVM) car elle est associée à une meilleure préservation de la fonction ventriculaire gauche, une diminution de la mortalité périopératoire (PVM, 1,6-2,1 % versus RVM, 4,3-7,8 %), et à une meilleure survie avec une incidence moindre de complications thrombo-emboliques ou infectieuses à long terme.24

Les principes de la réparation mitrale ont été posés par Alain Carpentier au début des années 1970 et associent : 1) la préservation ou restauration d’un mouvement normal des feuillets valvulaires, 2) la création d’une surface de coaptation optimale des feuillets valvulaires et 3) un remodelage et la stabilisation de l’anneau mitral par annuloplastie (figure 5). Ces techniques, associant des résections de segments valvulaires, des transpositions de cordages ou diverses interventions sur l’appareil sous-valvulaire, ont permis d’obtenir des réparations extrêmement durables dans le temps avec des libertés actuarielles de réopération de 97 % à 10 et 20 ans après réparation d’un prolapsus du feuillet mitral postérieur.25,26 Les résultats ont été un peu moins favorables pour le prolapsus du feuillet mitral antérieur ou le prolapsus bivalvulaire associant aussi une insuffisance tricuspidienne.26

Fig 5

Plastie mitrale par résection quadrangulaire

A. En préopératoire, présence d’un prolapsus des deux feuillets mitraux au-dessus de l’anneau mitral (têtes de flèches jaunes), nettement prédominant au feuillet postérieur (flèche blanche). B. Vue « chirurgicale » en ETO 3D indiquant que le prolapsus le plus marqué est limité au feston médian (P2) du feuillet postérieur. C. Après plastie chirurgicale, la prothèse annulaire resserre l’anneau mitral (têtes de flèches rouges). Les feuillets ne prolabent plus en systole et une large surface de coaptation est restaurée (flèches oranges). D. Vue « chirurgicale » correspondante en ETO 3D où l’anneau prothétique, suturé sur le versant atrial de la valve, est bien visible. E. Principe de la plastie par résection quadrangulaire.

ETO 3D : échocardiographie transœsophagienne avec reconstruction tridimensionnelle.

Plus récemment, la gamme de ces techniques classiques a été complémentée par l’introduction des cordages artificiels en poly-tétra-fluoro-éthylène (PTFE), qui permettent de corriger un prolapsus d’un ou des deux feuillets valvulaires sans résection tissulaire, avec des résultats satisfaisants à long terme.27,28 Une autre approche, la technique d’Alfieri, consiste à réaliser une suture bord à bord des deux feuillets valvulaires mitraux, permettant ainsi de corriger un prolapsus valvulaire mais aboutissant à une valve mitrale bi-orificielle. Cette technique a souvent été décriée comme palliative mais, à condition d’être associée à une annuloplastie, elle permet d’obtenir des réparations durables.29

Les facteurs qui prédisent un échec de réparation valvulaire par PVM comportent la présence d’un jet de régurgitation central très large, une dilatation de l’anneau mitral > 50 mm, l’implication de > 2 festons valvulaires, les calcifications extensives et les étiologies rhumatismales ou infectieuses.30

Remplacement valvulaire mitral

En cas d’impossibilité ou d’échec de la réparation, la valve mitrale peut être remplacée par une prothèse mécanique, une bioprothèse avec armature ou une homogreffe mitrale. Le choix du substitut valvulaire est essentiellement déterminé par l’espérance de vie du patient, l’existence de contre-indication éventuelle à une anticoagulation au long cours et les préférences du patient. Chez le patient âgé de plus de 70 ans, le choix se portera préférentiellement sur une bioprothèse, pour limiter les risques d’une complication liée au traitement anticoagulant au long cours.

Dans la technique de remplacement conventionnelle, la valve mitrale est excisée avec une partie de son appareil sous-valvulaire (cordages et têtes des piliers mitraux). Cette interruption de la continuité anatomique entre l’anneau mitral – qui fait partie intégrante du squelette fibreux du cœur – et la paroi ventriculaire gauche contribue aux modifications géométriques et à l’altération de la contractilité du VG en postopératoire.31 Ainsi, des techniques de remplacement valvulaire mitral avec préservation partielle ou totale ou reconstruction d’un appareil sous-valvulaire ont été proposées32 et ont permis une meilleure préservation de la géométrie et de la contractilité du VG en postopératoire.33

L’utilisation d’une homogreffe valvulaire mitrale a été préconisée par certaines équipes en raison de sa faible thrombogénicité, sa résistance à l’infection et la reconstruction d’un appareil sous-valvulaire. Toutefois, la mauvaise disponibilité, la difficulté technique de l’implantation et la mauvaise durabilité des homogreffes mitrales font que cette technique n’est actuellement plus usitée.34

Techniques percutanées de prise en charge de l’insuffisance mitrale

Bien que la chirurgie reste le traitement de choix, environ 50 % des candidats à une intervention chirurgicale de la valve mitrale ne sont pas opérés, principalement en raison du risque opératoire (dysfonction gauche sévère, comorbidités majeures, âge avancé).35 Les risques chirurgicaux peuvent être calculés sur la base des scores cliniques tels que le STS-PROM (Society of Thoracic Surgeons-Predicted Operative Mortality), mais le risque de certains patients échappe à ces scores, en particulier en cas d’aorte porcelaine, d’une fragilité importante de la personne ou de dysfonction irréversible d’organes. En outre, le traitement chirurgical de l’IM secondaire reste particulièrement problématique, la majorité des études ayant échoué à démontrer une amélioration du pronostic.15

Le développement de techniques percutanées permet d’offrir une option de traitement à certains patients à risque chirurgical élevé. Plusieurs dispositifs de traitement percutané, dont le MitraClip, ont reçu le label de conformité européenne (CE Mark), et visent à corriger l’IM en fonction des mécanismes de l’atteinte valvulaire.36,37

Réparation bord à bord (MitraClip)

Cette technique reproduit par voie percutanée le point d’Alfieri qui consiste à suturer bord à bord le feuillet antérieur au feuillet postérieur au niveau de l’orifice régurgitant afin de réduire ainsi la surface de régurgitation (figure 6).38 C’est l’approche percutanée actuellement la plus répandue, avec plus de 30 000 patients traités à ce jour en Europe. Les recommandations européennes préconisent l’implantation d’un MitraClip en cas d’IM primaire ou secondaire sévère, symptomatique, avec une anatomie favorable, un risque chirurgical jugé élevé par un « Heart team » pluridisciplinaire, et une espérance de vie > 1 année (classe IIB).16

Fig 6

Plastie mitrale percutanée par MitraClip d’une IM secondaire chez un patient souffrant d’une cardiomyopathie dilatative

A. Vue ETO 3D en diastole montrant l’anatomie de la valve native (AO, valve aortique ; FA, feuillet mitral antérieur ; FP, feuillet mitral postérieur). B. Visualisation du clip (flèche) en position ouverte au-dessus de la valve avant implantation. Il est acheminé par voie veineuse jusqu’à l’oreillette droite, et gagne l’oreillette gauche après ponction transseptale. Les deux flèches blanches indiquent l’ombre acoustique causée par le cathéter traversant le septum interatrial. C. Situation après implantation d’un premier clip et D. Résultat final après implantation de deux clips (flèches jaunes). A noter le double orifice mitral en diastole (*). E. Avant la procédure, le jet d’insuffisance est sévère et se répartit sur l’entier de la zone de coaptation mitrale. F. Après implantation des clips, 3 jets minimes résiduels sont détectés de part et d’autre des clips ainsi qu’à la commissure valvulaire antérieure.

ETO 3D : échocardiographie transœsophagienne avec reconstruction tridimensionnelle.

L’étude prospective, multicentrique, randomisée EVEREST II a comparé le MitraClip à la chirurgie valvulaire mitrale chez les patients ayant une IM sévère d’origine primaire (73 %) ou secondaire (27 %). EVEREST II a prouvé que le clip mitral constitue, avant tout, une procédure sûre avec le même taux de mortalité que la chirurgie (6 % vs 6 %) à douze mois.40 A cinq ans de suivi, même si le taux d’IM significative était supérieur (12,3 % vs 1,8 %) et la nécessité d’une nouvelle réparation chirurgicale plus élevée (27,9 % vs 8,9 %) dans le groupe MitraClip, le nombre de patients en classe fonctionnelle NYHA III-IV a pu être significativement réduit de 50 à 8,9 % après implantation du MitraClip.41

La sécurité de la procédure ainsi que l’impact favorable sur les symptômes (réduction des classes NYHA III-IV de 84,9-88,4 % à 25,8-35,9 % à douze mois) ont été démontrés dans plusieurs registres de patients à haut risque.4144 Le récent registre américain, incluant 564 patients avec IM primaire, confirme notamment que le MitraClip permet de traiter des patients à haut risque chirurgical (STS-PROM moyen 7,9 %) avec sécurité (mortalité intrahospitalière 2,3 % et mortalité à 30 jours 5,8 %). Dans ce registre, 93 % des patients quittaient l’hôpital avec une IM ≤ 2/4 après un séjour moyen de trois jours (1-6 jours), avec 84 % de retours à domicile.46

L’utilité des approches percutanées en cas d’IM secondaire sévère est moins bien documentée et des études randomisées comparant le MitraClip au traitement médicamenteux sont actuellement en cours (RESHAPE, COAPT, MitraFr). Les données des registres4144 qui ont inclus majoritairement (> 70 %) des patients avec IM secondaire, semblent toutefois indiquer une sécurité élevée et un impact favorable sur les symptômes d’insuffisance cardiaque.

Autres techniques percutanées en cours d’investigation

Il s’agit des méthodes qui ciblent une correction de l’appareil mitral, une plastie percutanée des feuillets, de l’anneau, des cordages ou même du VG.

L’annuloplastie percutanée indirecte consiste en l’introduction d’un anneau prothétique par le sinus coronaire afin de ceinturer la valve mitrale, le principe reposant sur la proximité anatomique du sinus coronaire et de l’anneau mitral postérieur.46 L’annuloplastie directe par implantation du système Cardioband (Valtechcardio), via un accès transseptal, représente une alternative à l’annuloplastie indirecte et vient de recevoir le label de conformité européenne. Une étude de faisabilité montre que chez des patients avec une IM secondaire, un succès de 82 % (IM ≤ 2/4) pouvait être atteint sans problème en termes de sécurité.47

Différents systèmes d’implantation de cordages artificiels par voie transapicale ou transseptale sont en cours d’investigation, et des dispositifs implantés autour de la base du VG par chirurgie minimalement invasive et visant à limiter la dilatation ventriculaire sont en cours d’étude clinique.48

Le remplacement valvulaire mitral percutané (Transcatheter Mitral Valve Implantation ; TMVI) fait également l’objet d’une recherche active et plusieurs types de prothèses sont en développement. Les expériences préliminaires ont démontré la faisabilité de TMVI, mais l’efficacité et la sécurité d’une telle approche restent à démontrer dans de larges études.48

Conclusions

L’IM est une pathologie fréquente qui impacte le pronostic des patients lorsqu’elle est sévère. Une caractérisation soigneuse de la sévérité ainsi que du mécanisme de l’IM par ETT est indispensable pour orienter le patient vers le traitement le plus approprié. L’IM sévère primaire relève essentiellement d’un traitement chirurgical et la plastie avec anneau représente le traitement de choix si la morphologie des lésions valvulaires le permet. La place de la chirurgie dans l’IM secondaire est plus incertaine et elle se pratique communément en association avec un geste de revascularisation (pontages coronariens). Chez les patients symptomatiques à haut risque chirurgical, la plastie mitrale percutanée par MitraClip représente une alternative. Cette procédure présente un bon profil de sécurité et permet une réduction des symptômes d’insuffisance cardiaque. Plusieurs études randomisées en cours ont pour but de préciser la place du MitraClip dans la prise en charge des patients insuffisants cardiaques avec IM sévère secondaire.

Conflit d’intérêts :

Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.

Implications pratiques

▪ L’insuffisance mitrale (IM) est une affection fréquente qui a des répercussions sur le pronostic des patients. Elle mérite d’être dépistée par auscultation cardiaque lors de la consultation de médecine générale

▪ L’évaluation de l’IM est essentiellement réalisée par échocardiographie transthoracique, qui permettra de quantifier la sévérité de la fuite, son mécanisme et ses répercussions sur la morphologie et la fonction des cavités cardiaques. Si une réparation est envisagée (chirurgicale ou percutanée), une évaluation détaillée de l’IM par échographie transœsophagienne 3D est nécessaire

▪ La plastie mitrale est la technique chirurgicale de choix pour le traitement des IM primaires. Le remplacement valvulaire est indiqué dans les cas où la plastie n’est pas réalisable ou en cas d’échec de plastie

▪ La chirurgie de l’IM secondaire est controversée, la majorité des études ayant échoué à démontrer un bénéfice en termes de survie

▪ La plastie mitrale percutanée (MitraClip) est une procédure à faible risque qui s’associe à une réduction de la sévérité de l’IM et une amélioration des symptômes sur un suivi de cinq ans. Cette option peut être considérée pour les patients jugés à haut risque chirurgical par un « Heart team » multidisciplinaire

Auteurs

Panagiotis Antiochos

Service de cardiologie, Département cœur et vaisseaux, Centre hospitalier universitaire vaudois et Université de Lausanne
1011 Lausanne
panagiotis.antiochos@chuv.ch

Olivier Muller

Service de cardiologie, Département cœur et vaisseaux, Centre hospitalier universitaire vaudois et Université de Lausanne
,
1011 Lausanne
olivier.muller@chuv.ch

Matthias Kirsch

Service de chirurgie cardiaque, Département cœur et vaisseaux, Centre hospitalier universitaire vaudois et Université de Lausanne
1011 Lausanne
matthias.kirsch@chuv

Melissa Agostini

Service de cardiologie
CHUV, 1011 Lausanne
melissa.agostini@unil.ch

Salah Qanadli

Département de radiologie, Radiologie interventionnelle
CHUV, 1011 Lausanne

Eric Eeckhout

Service de cardiologie, Département cœur et vaisseaux, Centre hospitalier universitaire vaudois et Université de Lausanne
1011 Lausanne
eric.eeckhout@chuv.ch

Pierre Vogt

Service de cardiologie Hôpital de Sion Avenue du Grand-Champsec
80 1951 Sion

René Prêtre

Service de chirurgie cardiovasculaire
CHUV, 1011 Lausanne
rene.pretre@chuv.ch

Alain Delabays

service de cardiologie, Ensemble hospitalier de la Côte
1110 Morges
alain.delabays@ehc.vd.ch

Xavier Jeanrenaud

Service de cardiologie
1011 Lausanne
xavier.jeanrenaud@chuv.ch

Pierre Monney

Service de cardiologie, Département cœur et vaisseaux, Centre hospitalier universitaire vaudois et Université de Lausanne
1011 Lausanne
pierre.monney@chuv.ch

Le produit a bien été ajouté au panier ! Vous pouvez continuer votre visite ou accéder au panier pour finaliser votre commande.

Voir le Panier

Mot de passe oublié

Veuillez entrer votre adresse email ci-dessous pour recevoir un lien de réinitialisation de mot de passe

Un e-mail a été envoyé à votre adresse email. Suivez les instructions fournies pour réinitialiser votre mot de passe

Aucun compte n'est associé à cette adresse e-mail.

Nouveau mot de passe

Vous pouvez créer votre nouveau mot de passe ici

Votre mot de passe a bien été modifié!

Cliquez ici pour vous connecter

Nous ne sommes pas en mesure de changer votre mot de passe.

Certains de ces cookies sont essentiels, tandis que d'autres nous aident à améliorer votre expérience en vous fournissant des informations sur la manière dont le site est utilisé.

Paramétrer les cookies
  • Les cookies nécessaires activent la fonctionnalité principale. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.

  • Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques de fréquentation anonymes du site de la Revue Médicale Suisse afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus. En désactivant ces cookies, nous ne pourrons pas analyser le trafic du site de la Revue Médicale Suisse

  • Ces cookies permettent à la Revue Médicale Suisse ou à ses partenaires de vous présenter les publicités les plus pertinentes et les plus adaptées à vos centres d’intérêt en fonction de votre navigation sur le site. En désactivant ces cookies, des publicités sans lien avec vos centres d’intérêt supposés vous seront proposées sur le site.

  • Ces cookies permettent d’interagir depuis le site de la Revue Médicale Suisse avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation, lorsque vous cliquez sur les fonctionnalités de partage de Facebook et de Twitter, par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les articles de la Revue Médicale Suisse depuis le site de la Revue Médicale Suisse sur les réseaux sociaux.