Sommaire du numéro
ISO 690 Wenger-Bonny, C., Menaces et gratitudes, Rev Med Suisse, 2016/524 (Vol.12), p. 1251–1251. DOI: 10.53738/REVMED.2016.12.524.1251 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2016/revue-medicale-suisse-524/menaces-et-gratitudes
MLA Wenger-Bonny, C. Menaces et gratitudes, Rev Med Suisse, Vol. 12, no. 524, 2016, pp. 1251–1251.
APA Wenger-Bonny, C. (2016), Menaces et gratitudes, Rev Med Suisse, 12, no. 524, 1251–1251. https://doi.org/10.53738/REVMED.2016.12.524.1251
NLM Wenger-Bonny, C.Menaces et gratitudes. Rev Med Suisse. 2016; 12 (524): 1251–1251.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2016.12.524.1251
Exporter la citation Zotero (.ris) EndNote (.enw)
carte blanche
22 juin 2016

Menaces et gratitudes

DOI: 10.53738/REVMED.2016.12.524.1251

Un nouveau patient est arrivé dans le service de psychiatrie. Nous commençons l’entretien d’entrée :

– Je me présente : Coralie Wenger-Bonny, je serai votre médecin référent durant votre hospitalisation. Par la suite, il se peut, en raison des problèmes de place dans l’hôpital, que vous soyez transféré dans une autre unité et que vous changiez de médecin référent. Dans ce cas, je transmettrai au nouveau médecin tout le travail qui aura été fait.

En effet, trois jours plus tard, je dois annoncer au patient qu’il est transféré dans une autre unité.

Une semaine après, au milieu de ma nuit de garde, le bip « agression » retentit ! Oh quel sursaut. Je bondis de mon lit de garde et me dirige vers l’endroit indiqué, avec quelques appréhensions en tête.

J’arrive dans l’unité en même temps que le Sécuritas. Je lui adresse un regard reconnaissant. Les soignants arrivent un à un en renfort suite à l’appel. On nous explique la situation : un patient a crié et menacé de frapper toutes les personnes qui l’approchent. Il s’est actuellement enfermé dans sa chambre.

JE M'ABONNE DÈS AUJOURD'HUI

et j'accède à plus de contenu

Abonnement

100%

Numérique à partir de

CHF 170.-

(pour les médecins)

Abonnement

100%

Numérique à partir de

EUR 150.-

(pour les médecins)

Nous décidons ensemble, et après discussion avec le médecin-chef de piquet, des possibilités d’approches, avec alternatives selon la réaction du patient. Le Sécuritas ouvre la porte de sa chambre. Le patient est debout proche de l’entrée et ne lève pas le regard vers nous. Il est très tendu, transpirant et tremble de tout son corps. Il est en train de déchirer les draps de son lit de toutes ses forces. Soudain, il lève la tête et me voit, s’arrête net et me dit :

– « Machine Wenger-Truc », vous m’avez abandonné dans cette nouvelle unité, je vous déteste !

Je lui explique que je peux comprendre son mécontentement et son désarroi. J’ajoute qu’actuellement, nous voyons qu’il est mal et que nous sommes trop inquiets pour sa sécurité ainsi que la nôtre.

Ainsi, nous lui demandons de prendre un traitement par la bouche en lui expliquant que s’il refuse, nous serons forcés de faire une injection.

Le patient renchérit, en criant avec un regard noir et un visage rouge écarlate :

– Si je vous revois un jour, « Machine Wenger-Truc », je vous tue. Je vous le promets, je vous tue !

Il tente de m’approcher avec le poing en avant. La situation à ce moment-là étant difficile à gérer, et comme décidé quelques minutes plus tôt, nous demandons au patient de nous suivre pour une mise en chambre de soins intensifs au vu du risque hétéro-agressif. Le patient accepte de suivre le Sécuritas mais me lance des regards sombres sur le trajet qui mène à cette chambre. Finalement, il accepte son traitement, parvient à se calmer et à s’endormir pour la suite de la nuit.

Deux semaines plus tard, j’avance dans le couloir de l’hôpital et aperçois le patient au loin, marchant dans ma direction. Je freine, j’appréhende ; toutes ses menaces… De quoi se souvient-il lors de cette nuit agitée ?

Il s’arrête, me dévisage et finalement me dit : « Bonjour Doctoresse Wenger-Bonny ! », avec un sourire sincère et dans le plus grand respect. Il poursuit son chemin sans me laisser le temps de répondre.

Je souris intérieurement. Cette politesse respectueuse résonne pour moi comme une demande de pardon ; comme pour gommer ce qu’il aurait pu dire dans un moment incontrôlé. Je suis soulagée de savoir qu’il a pu sortir de la chambre de soins et qu’il semble aller mieux.

Sans oublier la violence lors de cette nuit de garde, je poursuis ma journée le cœur plus léger. Pourquoi me sens-je apaisée ? Est-ce que cette retrouvaille plus calme répond à une attente ? Pourquoi ai-je l’impression que ce bonjour m’apporte une gratitude ? En continuant de marcher dans les couloirs, je me dis que, suite à cette expérience difficile, j’ai vraisemblablement eu besoin de voir les choses ainsi pour continuer…

Cela me fait songer à ce que l’on m’a dit de Bion qui pensait que le thérapeute devrait savoir être sans mémoire, ni désir lorsqu’il est face à son patient.1

Auteurs

Coralie Wenger-Bonny

Cabinet médical du moulin de Cugy Chemin des Dailles 5
1053 Cugy (VD)
coralie.wenger-bonny@svmed-hin.ch

Le produit a bien été ajouté au panier ! Vous pouvez continuer votre visite ou accéder au panier pour finaliser votre commande.

Voir le Panier

Mot de passe oublié

Veuillez entrer votre adresse email ci-dessous pour recevoir un lien de réinitialisation de mot de passe

Un e-mail a été envoyé à votre adresse email. Suivez les instructions fournies pour réinitialiser votre mot de passe

Aucun compte n'est associé à cette adresse e-mail.

Nouveau mot de passe

Vous pouvez créer votre nouveau mot de passe ici

Votre mot de passe a bien été modifié!

Cliquez ici pour vous connecter

Nous ne sommes pas en mesure de changer votre mot de passe.

Certains de ces cookies sont essentiels, tandis que d'autres nous aident à améliorer votre expérience en vous fournissant des informations sur la manière dont le site est utilisé.

Paramétrer les cookies
  • Les cookies nécessaires activent la fonctionnalité principale. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.

  • Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques de fréquentation anonymes du site de la Revue Médicale Suisse afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus. En désactivant ces cookies, nous ne pourrons pas analyser le trafic du site de la Revue Médicale Suisse

  • Ces cookies permettent à la Revue Médicale Suisse ou à ses partenaires de vous présenter les publicités les plus pertinentes et les plus adaptées à vos centres d’intérêt en fonction de votre navigation sur le site. En désactivant ces cookies, des publicités sans lien avec vos centres d’intérêt supposés vous seront proposées sur le site.

  • Ces cookies permettent d’interagir depuis le site de la Revue Médicale Suisse avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation, lorsque vous cliquez sur les fonctionnalités de partage de Facebook et de Twitter, par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les articles de la Revue Médicale Suisse depuis le site de la Revue Médicale Suisse sur les réseaux sociaux.