Sommaire du numéro
ISO 690 Bussard, J., Tuleasca, C., Maire, R., Schwannomes vestibulaires spontanément involutifs, Rev Med Suisse, 2018/621 (Vol.14), p. 1739–1741. DOI: 10.53738/REVMED.2018.14.621.1739 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2018/revue-medicale-suisse-621/schwannomes-vestibulaires-spontanement-involutifs
MLA Bussard, J., et al. Schwannomes vestibulaires spontanément involutifs, Rev Med Suisse, Vol. 14, no. 621, 2018, pp. 1739–1741.
APA Bussard, J., Tuleasca, C., Maire, R. (2018), Schwannomes vestibulaires spontanément involutifs, Rev Med Suisse, 14, no. 621, 1739–1741. https://doi.org/10.53738/REVMED.2018.14.621.1739
NLM Bussard, J., et al.Schwannomes vestibulaires spontanément involutifs. Rev Med Suisse. 2018; 14 (621): 1739–1741.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2018.14.621.1739
Exporter la citation Zotero (.ris) EndNote (.enw)
orl
3 octobre 2018

Schwannomes vestibulaires spontanément involutifs

DOI: 10.53738/REVMED.2018.14.621.1739

The majority of vestibular schwannomas have a stable evolution or a progression of size. Some publications report cases of spontaneous involution. We report here the clinical and radiological characteristics of this type of tumor observed in 14 patients showing a spontaneous tumor involution of their vestibular schwannoma. The results showed an incidence of 8 % with an average tumor regression of 50 %. Functionally, a hearing loss was found in all patients, without correlation with the duration of the observational follow-up. There are spontaneously involutive vestibular schwannomas, but tumor regression does not prevent the deterioration of hearing. Patients should be considered as a subset of those receiving observational management.

Résumé

La majorité des schwannomes vestibulaires ont une évolution stable ou une progression de taille. Quelques publications rapportent des cas d’involution spontanée. Nous rapportons ici les caractéristiques cliniques et radiologiques de ce type de tumeur observée chez 14 patients montrant une involution tumorale spontanée de leur schwannome vestibulaire. Les résultats ont montré une incidence de 8 % avec une régression tumorale moyenne de 50 %. Sur le plan fonctionnel, une perte auditive a été mise en évidence chez l’ensemble des patients, sans corrélation avec la durée du suivi observationnel. Il existe des schwannomes vestibulaires spontanément involutifs, mais la régression tumorale n’empêche pas la dégradation de l’audition. Les patients doivent être considérés comme un sous-groupe de ceux bénéficiant d’une prise en charge observationnelle.

Introduction

Le schwannome vestibulaire (neurinome de l’acoustique) est une tumeur bénigne provenant des cellules de Schwann entourant la branche vestibulaire du VIIIe nerf crânien.1 Dans la plupart des cas, il se présente comme une tumeur sporadique unilatérale.2

La présentation clinique la plus courante est une perte auditive neurosensorielle progressive du côté de la lésion associée à un acouphène ipsilatéral. Les autres symptômes peuvent être une sensation de plénitude de l’oreille, une mauvaise discrimination de la parole, un déséquilibre ou, rarement, des vertiges. La disponibilité accrue de l’IRM a conduit à une augmentation de découverte de petits schwannomes vestibulaires, souvent asymptomatiques.35 Ces tumeurs peuvent se développer lentement et continuellement, suivies d’une stabilité ou même d’une involution.6

La stratégie thérapeutique est souvent liée à la taille de la tumeur et à sa capacité de croissance, à l’âge du patient et à l’état de l’audition.7 Dans la littérature, trois options sont décrites : exérèse microchirurgicale, radiochirurgie (ou éventuellement radiothérapie fractionnée) et une stratégie observationnelle (principalement au moment du diagnostic ou en présence d’une tumeur cliniquement et radiologiquement stable au cours du suivi).8

Objectifs

Cette étude se focalise sur les schwannomes vestibulaires avec involution spontanée. Nous avons évalué l’incidence et les caractéristiques cliniques et radiologiques de ce type de tumeur chez les patients porteurs d’un schwannome vestibulaire non traité et en suivi observationnel au CHUV.

JE M'ABONNE DÈS AUJOURD'HUI

et j'accède à plus de contenu

Abonnement

100%

Numérique à partir de

CHF 170.-

(pour les médecins)

Abonnement

100%

Numérique à partir de

EUR 150.-

(pour les médecins)

Matériel et méthode

Une étude rétrospective monocentrique des patients suivis au CHUV, entre 2001 et 2017, incluait des patients avec un diagnostic de neurinome de l’acoustique ayant bénéficié exclusivement d’un suivi radioclinique et présentant une involution volumétrique spontanée documentée à l’IRM. Au CHUV, la prise en charge des schwannomes de 2001 à 2011 impliquait pour tous les patients une attitude observationnelle initiale d’au minimum 6 mois, à l’exception des grades 4.

Une relecture de l’ensemble des images au diagnostic (T initial), à un temps intermédiaire et à la dernière IRM disponible (T final) a été réalisée chez tous les patients par le même intervenant sur la console Gamma-Knife Perfection. Les tests auditifs réalisés aux mêmes dates ont été relus afin d’évaluer l’évolution de l’audition. Les tests de corrélation de Spearman ont été utilisés pour l’analyse statistique des résultats.

Résultats

Cent septante et un patients ont été diagnostiqués avec un schwannome vestibulaire de grade I à III de Koos et ont bénéficié d’un suivi observationnel. La majorité des patients ont bénéficié d’une IRM annuelle durant les 5 premières années puis tous les deux ans, associée à un bilan otoneurologique complet aux mêmes intervalles.

Dans ce contexte, nous avons identifié 14 patients (8 %) présentant une involution spontanée mise en évidence sur au moins une IRM de contrôle à un temps intermédiaire, en général après 6 ans de suivi et/ou lors de la dernière IRM à disposition. Les caractéristiques des patients sont présentées dans le tableau 1. Le tableau 2 montre les résultats radiocliniques de ces 14 patients.

Tableau 1

Schwannomes vestibulaires involutifs : démographie des patients et leurs caractéristiques cliniques

Tableau 2

Evolution radioclinique des schwannomes vestibulaires involutifs

La diminution du volume tumoral était en moyenne de 50 % (figure 1). Certaines tumeurs ont initialement progressé avant d’involuer, d’autres ont involué avant de progresser à nouveau. La figure 2 montre un exemple d’IRM pour un cas typique de notre cohorte au moment du diagnotic, au temps intermédiaire et à la dernière IRM à disposition.

Fig 1

Involution de la taille des schwannomes (cmg3) sur un suivi moyen de 10 ans

Fig 1

IRM d’un patient suivi durant 9 ans

Volume délimité : volume initial du schwannome.

A : Tinitial. B : Tintermédiare. C : Tfinal.

Sur le plan fonctionnel, une perte auditive a été mise en évidence chez l’ensemble des patients entre l’audiogramme au moment du diagnostic et le dernier à disposition. La perte auditive a été mesurée sur la moyenne des seuils auditifs entre 0,5 et 4 kHZ (Pure Tone Average : PTA) : le PTA au Tinitial était de 36,8 dB, celui à Tfinal de 52,9 dB. Statistiquement, il n’y a pas de corrélation entre la durée du suivi et la perte auditive, en d’autres termes cette dégradation est observée quelle que soit la durée du suivi (p = 0,7).

Discussion

Nous trouvons dans la littérature des articles traitant des schwannomes vestibulaires spontanément involutifs, 914 la plupart incluant un nombre moins important de patients que notre cohorte, voire un seul cas. L’incidence rapportée est de l’ordre de 3 à 13 %. Les différentes études sur le sujet ne montrent pas de corrélation entre l’involution et le sexe ou l’âge des patients ou encore la taille initiale de la tumeur. Les caractéristiques des patients montrant une involution spontanée ne diffèrent pas de ceux avec un neurinome de l’acoustique stable ou progressif.

Notre cohorte fait partie d’une des plus grandes dédiées à ce sujet. Nous avons identifié 14 patients présentant un schwannome vestibulaire involutif, sur les 171 qui ont bénéficié initialement d’un suivi observationnel au CHUV (8 %). L’involution a été de 50 % en moyenne sur un suivi de 10 ans. Durant la même période, les patients ont vu leur audition diminuer, passant d’un PTA de 36,8 dB à 52,9 dB. Statistiquement, nous n’avons pas identifié de facteur causal ou pronostique de l’évolution tumorale.

Nos résultats sont comparables à ceux de Huang et coll.15 qui ont identifié dans leur étude 48 patients (4 %) avec un schwannome vestibulaire spontanément involutif sans pouvoir identifier un facteur causal de l’évolution tumorale.

Quelques théories ont été proposées pour expliquer cette involution spontanée, mais aucun mécanisme clair n’a pu être identifié à ce jour. Des causes vasculaires et immunologiques, à l’origine respectivement d’une nécrose tumorale et d’une apoptose cellulaire, ont été avancées.15 Dans notre série, un patient a présenté sur l’une des IRM de suivi des arguments pour une nécrose centrale de son schwannome vestibulaire.

Sur le plan fonctionnel, les patients porteurs d’un schwannome involutif présentent une dégradation auditive comparable à ceux avec une lésion stable ou progressive, sans qu’une explication n’ait pu être fournie. Cette observation suggère que ces patients doivent être considérés comme un simple sous-groupe bénéficiant d’une prise en charge observationnelle.

Conclusion

Huit pour cent des neurinomes de l’acoustique involuent spontanément. Cette évolution n’est pas liée à l’âge, le sexe ou à la taille initiale de la tumeur. Aucun paramètre clinique investigué n’a pu prédire l’évolution tumorale. La régression tumorale n’empêche pas la dégradation de l’audition, comme observée dans les schwannomes vestibulaires stables ou évolutifs. L’involution spontanée des schwannomes vestibulaires ne représente donc pas un facteur de bon pronostic sur le devenir de l’audition.

Conflit d’intérêts :

Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.

Implications pratiques

▪ Il existe des schwannomes vestibulaires spontanément involutifs (8 % dans notre cohorte)

▪ L’involution spontanée est en moyenne de 50 % sur un suivi de 5 à 15 ans

▪ La régression tumorale n’empêche pas la dégradation de l’audition, comme observée dans les schwannomes stables ou évolutifs

▪ Les patients avec schwannomes vestibulaires involutifs doivent être considérés comme un simple sous-groupe bénéficiant d’une prise en charge observationnelle

Auteurs

Jonatan Bussard

Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale
CHUV, 1011 Lausanne
jonatan.bussard@chuv.ch

Constantin Tuleasca

Service de neurochirurgie, Centre hospitalier universitaire vaudois, Université de Lausanne
1004 Lausanne
constantin.tuleasca@chuv.ch

Centre Lundin des tumeurs du cerveau et de la moelle épinière, Centre hospitalier universitaire vaudois
1011 Lausanne

Raphaël Maire

Service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale, Centre hospitalier universitaire vaudois
1011 Lausanne
raphael.maire@chuvch

Le produit a bien été ajouté au panier ! Vous pouvez continuer votre visite ou accéder au panier pour finaliser votre commande.

Voir le Panier

Mot de passe oublié

Veuillez entrer votre adresse email ci-dessous pour recevoir un lien de réinitialisation de mot de passe

Un e-mail a été envoyé à votre adresse email. Suivez les instructions fournies pour réinitialiser votre mot de passe

Aucun compte n'est associé à cette adresse e-mail.

Nouveau mot de passe

Vous pouvez créer votre nouveau mot de passe ici

Votre mot de passe a bien été modifié!

Cliquez ici pour vous connecter

Nous ne sommes pas en mesure de changer votre mot de passe.

Certains de ces cookies sont essentiels, tandis que d'autres nous aident à améliorer votre expérience en vous fournissant des informations sur la manière dont le site est utilisé.

Paramétrer les cookies
  • Les cookies nécessaires activent la fonctionnalité principale. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.

  • Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques de fréquentation anonymes du site de la Revue Médicale Suisse afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus. En désactivant ces cookies, nous ne pourrons pas analyser le trafic du site de la Revue Médicale Suisse

  • Ces cookies permettent à la Revue Médicale Suisse ou à ses partenaires de vous présenter les publicités les plus pertinentes et les plus adaptées à vos centres d’intérêt en fonction de votre navigation sur le site. En désactivant ces cookies, des publicités sans lien avec vos centres d’intérêt supposés vous seront proposées sur le site.

  • Ces cookies permettent d’interagir depuis le site de la Revue Médicale Suisse avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation, lorsque vous cliquez sur les fonctionnalités de partage de Facebook et de Twitter, par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les articles de la Revue Médicale Suisse depuis le site de la Revue Médicale Suisse sur les réseaux sociaux.