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ISO 690 Robet, T., Crise du crack : une approche par la médecine de rue, Rev Med Suisse, 2024/884 (Vol.20), p. 1512–1512. DOI: 10.53738/REVMED.2024.20.884.1512 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2024/revue-medicale-suisse-884/crise-du-crack-une-approche-par-la-medecine-de-rue
MLA Robet, T. Crise du crack : une approche par la médecine de rue, Rev Med Suisse, Vol. 20, no. 884, 2024, pp. 1512–1512.
APA Robet, T. (2024), Crise du crack : une approche par la médecine de rue, Rev Med Suisse, 20, no. 884, 1512–1512. https://doi.org/10.53738/REVMED.2024.20.884.1512
NLM Robet, T.Crise du crack : une approche par la médecine de rue. Rev Med Suisse. 2024; 20 (884): 1512–1512.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2024.20.884.1512
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Tribune
28 août 2024

Crise du crack : une approche par la médecine de rue

DOI: 10.53738/REVMED.2024.20.884.1512

Depuis 2021, la problématique associée à la consommation de crack à Genève a suivi une croissance exponentielle. Cette évolution semble principalement liée à une transformation de l’offre, caractérisée par l’émergence de fabricants-trafiquants de crack, conjuguée à une disponibilité ­accrue du produit à un prix très abordable. Elle pose un défi sans précédent au système de santé, lequel se trouve confronté aux ­limites du soin intramuros pour une population peu encline à adhérer aux approches de soins standards.

Il est ­nécessaire d’aller plus loin et de fournir un soutien ­complet et inclusif

Face à cette crise croissante, un nouveau type de réponse a émergé du terrain : l’approche proactive d’« aller vers » les consommateurs, en proposant des soins directement sur le terrain. Cette attitude anticipative représente un changement radical dans le paradigme des soins de santé, préco­nisant une présence active là où les besoins sont les plus urgents. Il s’agit d’amener les services de santé là où les ­patients les plus démunis en ont besoin, offrant ainsi une alternative au modèle traditionnel hospitalo-centré.

À cet égard, un programme d’intervention sur site, incluant la mise en place d’un système de maraudes, a été instauré par le Service d’addictologie des HUG, il y a maintenant six mois. Le profil des consommateurs est à tendance de polyconsommation, qu’il est possible de substituer en les prenant en charge de manière proactive, c’est-à-dire en les ramenant ­intramuros pour un suivi spécialisé ou en les accompagnant directement dans la rue pour un suivi continu.

Une autre dimension importante de cette prise en charge est la composante de précarité sociale associée à la consom­mation de crack. De plus en plus de personnes sans domicile fixe sont directement touchées par cette crise, ce qui montre l’urgence d’adapter les solutions aux réalités complexes des personnes vivant dans des situations précaires. Le nombre de places dans les hébergements d’urgence avec mise à l’abri immédiate est absolument ­insuffisant pour répondre à cette demande croissante. Il est nécessaire d’aller plus loin et de fournir un soutien complet et inclusif, en portant une attention particulière aux personnes les plus marginalisées de la société.

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Une panoplie d’actions a été déployée pour répondre à cette problématique. D’abord, pour pouvoir répondre au mieux aux disparités existantes, une diversité d’emplacements ont été ­englobés dans la démarche : lieux de distribution alimentaire, Quai 9, ­appartements et clubs des travailleuses du sexe, centres d’hébergements d’urgence, cages d’escaliers, points clés de consommation à Genève... Les résultats sont encourageants : depuis le 1er novembre 2023, 77 patients ont été pris en charge et ont entamé un parcours de soins.

Faire preuve de courage et sortir des sentiers battus s’avère donc nécessaire pour répondre à cette crise et aux suivantes. Il s’agit de repenser notre approche des soins de manière générale et de mettre l’accent sur la prévention, la réduction des risques et l’accès équitable aux soins pour tous. Répondre aux besoins des plus marginalisés implique une refonte du système de santé. Il est crucial de garder à l’esprit que de nombreuses personnes sont dans un état trop précaire pour chercher activement de l’aide, et que le dispositif de soin actuel est inadapté à leur situation : la grande majorité de cette patientèle ne possède ni assurance, ni domicile ni téléphone portable.

Pour être efficace, toute démarche doit s’appuyer sur une collaboration étroite entre les autorités locales, les professionnels de la santé, le tissu associatif et les consommateurs de crack. La construction d’un système de santé résilient et inclusif exige un engagement à long terme et une volonté collective de surmonter les obstacles. ­Autrement dit, un investissement continu dans la recherche, l’éducation et le développement des compétences, ainsi qu’une volonté de s’attaquer aux inégalités ­sociales et économiques qui sous-tendent de nombreuses crises de santé publique, comme l’illustre celle du crack.

La problématique du crack est un ­tableau complexe avec en premier lieu une composante sociale majeure concernant le logement, l’alimentation et l’accès ­restreint aux soins. Une grande partie des consommateurs ne possède pas d’assurance ni de logement, ce qui entrave tout processus d’entrée pérenne dans des soins. La question de la substitution à destination des usagers de crack reste ouverte. Mais face à la faible efficacité des interventions pharmacologiques, il pourrait être envisagé de recourir à un traitement à base de cocaïne médicale au sein d’un programme dédié pour répondre aux besoins.

La crise du crack met en lumière les ­limites des stratégies de santé publique traditionnelles et souligne la nécessité ­urgente d’adopter des approches plus ­inclusives et réactives, adaptées aux ­réalités d’aujourd’hui.

Auteurs

Tiphaine Robet

Service d’addictologie, Hôpitaux universitaires de Genève
1211 Genève 14
tiphaine.robet@hug.ch

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