Sommaire du numéro
ISO 690 Junod, A., Réflexions autour d’un large verre, Rev Med Suisse, 2007/093 (Vol.3), p. 80–80. DOI: 10.53738/REVMED.2007.3.93.0080 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2007/revue-medicale-suisse-93/reflexions-autour-d-un-large-verre
MLA Junod, A. Réflexions autour d’un large verre, Rev Med Suisse, Vol. 3, no. 093, 2007, pp. 80–80.
APA Junod, A. (2007), Réflexions autour d’un large verre, Rev Med Suisse, 3, no. 093, 80–80. https://doi.org/10.53738/REVMED.2007.3.93.0080
NLM Junod, A.Réflexions autour d’un large verre. Rev Med Suisse. 2007; 3 (093): 80–80.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2007.3.93.0080
Exporter la citation Zotero (.ris) EndNote (.enw)
doutes et certitudes
10 janvier 2007

Réflexions autour d’un large verre

DOI: 10.53738/REVMED.2007.3.93.0080

En ce temps de fêtes de fin d’année, les apéritifs vont bon train, un peu partout dans nos contrées, et aussi dans les hôpitaux, même les meilleurs. Y assistent le corps administratif en bloc, peu d’infirmières et pas mal de médecins qui égrènent doctement leurs voeux de bonheur et de prospérité assaisonnés d’un Gamay ou d’un Perlan provenant des coteaux ensoleillés de notre République. C’est donc l’occasion de parler des complexes relations entremédecine et alcool. Après la diabolisation d’antan vient maintenant la tolérance dans la modération, à plus forte raison si l’on y joint l’inévitable dièteméditerranéenne, qui n’est pas nécessairement représentée par les canapés à la mayonnaise et au foie gras qui sont largement distribués au cours de ces agapes. Pour ajouter quelques touches à ce tableau en perpetual devenir, j’aimerai vous relater quelques propos fondamentaux que j’ai pu glaner dans mes assidues lectures.

il n’y a pas de remède efficace contre la gueule de bois

Tout d’abord, que pense le corps médical de son imprégnation éthylique lorsqu’il est de garde? Une étude publiée en 20021 (vous allezme dire que j’ai quelque peu perdu de mon sens de l’actualité, je rétorquerai que je l’ai gardé pour la bonne bouche), provenant entre autres de la cité radieuse de Chattanooga (Tennessee), a tenté d’y répondre. Le fait qu’un professeur de philosophie en était coauteur a indiscutablement été un élément de poids dans le choix de cette publication, car il était permis d’anticiper un niveau de réflexion d’une rassurante élévation et la garantie d’une prise de distance salutaire, loin de l’ivresse des passions. Par contre, l’origine de cet article laissait imaginer une consommation de Jack Daniel’sa plutôt que de Chardonnay ou deMerlot. Ce point a son importance et la lecture du troisième paragraphe est fortement recommandée si le lecteur en a la patience. Eh bien, curieusement, dans ces Etats de l’Amérique profonde qui ont un sens des vraies valeurs et qui savent voter juste, 73%des toubibs estimaient que, quand ils sont de garde, la consommation d’alcool n’était pas de mise. Le restant faisait sans doute partie du quart qui avouait avoir eu une conception plus libérale de l’usage de l’alcool. Fait plus remarquable encore, 88% d’entre eux pensaient qu’il était utile d’avertir les malades qu’ils étaient sous l’effet de boissons alcoolisées…Jeme demande ce qu’une étude semblable,mais exécutée dans nos régions, aurait donné. A faire.

Dans le deuxième rapport, plus récent,2 que j’aimerais commenter, les auteurs, experts en marketing et non en médecine (je précise ce point parce qu’il n’y a pas nécessairement incompatibilité entre ces deux professions), ont évalué la précision avec laquelle des étudiants et des barmans, hommes d’expérience, avec au moins six ans de pratique, versaient une quantité convenue d’un alcool quelconque, soit 44,3 ml, suivant que le verre utilisé était fin et long ou large et court. Les étudiants ont versé en toute bonne foi presque 15 ml de plus dans le verre large que dans le verre étroit, soit près d’un tiers additionnel. Les barmans ont été plus performants même si l’écart, dans la même direction, restait fixé à 10 ml. Il n’y avait pas de différence selon que l’alcool versé était du whisky, du gin ou de la vodka, ce qui témoigne du professionnalisme de ce corps de métier. Cependant, cette différence descendait à 5 ml si un effort de concentration, difficilement soutenable sur une longue durée, leur était demandé. Trois enseignements profonds peuvent être tirés de cette remarquable étude: 1) vous avez tout intérêt à exiger un verre large et à distraire le barman en lui racontant je ne sais quelle gauloiserie lorsque vous commandez votre alcool fort préféré. Accessoirement, vous pouvez aussi recommander au propriétaire du bar d’engager des étudiants impécunieux. 2) Vous comprenez enfin les résultats de l’étude précédente. En raison du doute sur le volume de boisson forte ingurgitée selon la forme du verre, mieux vaut ne rien boire du tout. 3) Lorsque, avant de reprendre la conduite de votre automobile, vous faites vos calculs sur le taux d’alcool attendu, prenez en considération la forme des verres dans lesquels vous avez étanché votre soif. Si vous vous la rappelez bien sûr. Avec des verres larges, vous risquez fortement de dépasser largement la limite du 0,5 pour mille.

Le dernier article est le plus important sans doute, car il a trait au traitement d’un état que beaucoup d’entre vous ont connu et dont ils ont intensément souffert: la gueule de bois.3 Le devoir de concision m’oblige à abréger mes élucubrations et j’en arrive tout de suite au résultat: sur la base de huit essais randomisés contrôlés, il n’y a pas de remède efficace contre la gueule de bois, qu’il s’agisse de médicaments, le propranolol par exemple, d’acide linolénique ou d’extraits de Cynara Scolimus (dont l’analogie de sonorité avec l’apéritif Cynar me paraît un peu suspecte) ou d’Opuntia Ficusindica. Force est de reconnaître que, dans cette situation comme dans d’autres, la prévention sous forme d’abstention apparaît être la meilleure solution. Pour ceux que cette conclusion sentencieuse incommode et qui réclament d’autres types de traitement plus agressifs, je signale à leur attention qu’ont été utilisés, selon nos auteurs, l’hémodialyse, l’administration de Bloody Mary (le mal contre le mal), l’air frais et la pizza. J’ajouterai enfin qu’il était rassurant de constater qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêt financier parmi les auteurs, pas plus que de sponsor. Pour une fois que l’on a affaire à une recherche vraiment désintéressée.

JE M'ABONNE DÈS AUJOURD'HUI

et j'accède à plus de contenu

Abonnement

100%

Numérique à partir de

CHF 170.-

(pour les médecins)

Abonnement

100%

Numérique à partir de

EUR 150.-

(pour les médecins)

Il ne me reste plus qu’à formuler tous mes voeux de tempérance aux lecteurs et aux rédacteurs de la RMS et à vous dire: santé !

Auteurs

Alain Junod

Professeur honoraire, Faculté de Médecine de Genève. 3 rue Robert de Traz
1206 Genève
af.junod@gmail.com

Le produit a bien été ajouté au panier ! Vous pouvez continuer votre visite ou accéder au panier pour finaliser votre commande.

Voir le Panier

Mot de passe oublié

Veuillez entrer votre adresse email ci-dessous pour recevoir un lien de réinitialisation de mot de passe

Un e-mail a été envoyé à votre adresse email. Suivez les instructions fournies pour réinitialiser votre mot de passe

Aucun compte n'est associé à cette adresse e-mail.

Nouveau mot de passe

Vous pouvez créer votre nouveau mot de passe ici

Votre mot de passe a bien été modifié!

Cliquez ici pour vous connecter

Nous ne sommes pas en mesure de changer votre mot de passe.

Certains de ces cookies sont essentiels, tandis que d'autres nous aident à améliorer votre expérience en vous fournissant des informations sur la manière dont le site est utilisé.

Paramétrer les cookies
  • Les cookies nécessaires activent la fonctionnalité principale. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.

  • Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques de fréquentation anonymes du site de la Revue Médicale Suisse afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus. En désactivant ces cookies, nous ne pourrons pas analyser le trafic du site de la Revue Médicale Suisse

  • Ces cookies permettent à la Revue Médicale Suisse ou à ses partenaires de vous présenter les publicités les plus pertinentes et les plus adaptées à vos centres d’intérêt en fonction de votre navigation sur le site. En désactivant ces cookies, des publicités sans lien avec vos centres d’intérêt supposés vous seront proposées sur le site.

  • Ces cookies permettent d’interagir depuis le site de la Revue Médicale Suisse avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation, lorsque vous cliquez sur les fonctionnalités de partage de Facebook et de Twitter, par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les articles de la Revue Médicale Suisse depuis le site de la Revue Médicale Suisse sur les réseaux sociaux.