JE M'ABONNE DÈS AUJOURD'HUI
et j'accède à plus de contenu
ISO 690 | Cousin, G., Mast, M., S., Les médecins hommes et femmes interagissent de manière différente avec leurs patients : pourquoi s’en préoccuper ?, Rev Med Suisse, 2010/257 (Vol.6), p. 1444–1447. DOI: 10.53738/REVMED.2010.6.257.1444 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2010/revue-medicale-suisse-257/les-medecins-hommes-et-femmes-interagissent-de-maniere-differente-avec-leurs-patients-pourquoi-s-en-preoccuper |
---|---|
MLA | Cousin, G., et al. Les médecins hommes et femmes interagissent de manière différente avec leurs patients : pourquoi s’en préoccuper ?, Rev Med Suisse, Vol. 6, no. 257, 2010, pp. 1444–1447. |
APA | Cousin, G., Mast, M., S. (2010), Les médecins hommes et femmes interagissent de manière différente avec leurs patients : pourquoi s’en préoccuper ?, Rev Med Suisse, 6, no. 257, 1444–1447. https://doi.org/10.53738/REVMED.2010.6.257.1444 |
NLM | Cousin, G., et al.Les médecins hommes et femmes interagissent de manière différente avec leurs patients : pourquoi s’en préoccuper ?. Rev Med Suisse. 2010; 6 (257): 1444–1447. |
DOI | https://doi.org/10.53738/REVMED.2010.6.257.1444 |
Exporter la citation | Zotero (.ris) EndNote (.enw) |
This article presents the major findings of research on medical interactions from a gender perspective. Male and female physicians give the same amount of medical informations to their patients, but male physicians discuss less the psychosocial aspects of the illness. Male physicians ask less medical and psychosocial questions, and patients provide them with less information. Female physicians adopt more partnership-behaviors and display more affiliative nonverbal behaviors. Patients behave less dominantly with male than with female physicians. Finally, male patients are given less signs of empathy and receive less information, whatever the gender of the physician.
Cet article présente les résultats principaux de la recherche actuelle sur l’influence du genre dans les interactions médecins-patients. Les médecins hommes et femmes transmettent la même quantité d’informations médicales, mais les médecins hommes discutent moins facilement des aspects psychosociaux de la maladie. Ils posent moins de questions à leurs patients, que celles-ci soient d’ordre médical ou psychosocial, et reçoivent moins d’informations de leur part. Les médecins femmes adoptent un style de communication plus participatif et un comportement non verbal plus chaleureux. De leur côté, les patients se comportent avec les médecins hommes de manière moins dominante qu’avec les médecins femmes. Enfin, les patients hommes reçoivent moins de signes d’empathie et moins d’informations de la part de leur médecin, quel que soit son genre.
L’état de la recherche actuel montre que le style de communication et le comportement des médecins permettent de prédire un certain nombre de variables liées à la perception des soins par les patients et à leur état de santé, telles que leur satisfaction vis-à-vis de la consultation, la probabilité qu’ils se rendent au prochain rendez-vous, la quantité d’informations médicales qu’ils retiennent, leur adhérence au traitement, leur état physique et leur bien-être subjectif.1 Bien qu’il existe certaines exceptions dues aux caractéristiques individuelles de ces patients – leur âge, leur statut socio-économique ou leur personnalité, par exemple –, ces recherches suggèrent qu’un style de communication non autoritaire, chaleureux et participatif de la part du médecin a le meilleur impact. Ce style de communication se définit par des éléments verbaux (contenu du discours, quantité d’informations transmises au patient, implication du patient dans le processus de décision), paraverbaux (ton de voix, intonations, vitesse de parole) et non verbaux (expressions faciales, posture, mouvements). Plusieurs études montrent par ailleurs qu’il existe des différences de pratique entre médecins hommes et femmes et que, de leur côté, les patients communiquent et se comportent différemment selon leur genre. Cet article vise à présenter les résultats principaux de la recherche actuelle sur les différences de genre dans les relations patients-médecins. Dans la mesure où ces différences peuvent avoir un impact sur les patients et sur leur santé, les différences entre hommes et femmes médecins ne sont pas anodines et méritent d’être connues.
Les recherches montrent que les hommes et les femmes médecins donnent à leurs patients la même quantité d’informations médicales, mais que les hommes médecins discutent moins facilement des aspects psychosociaux de la maladie (par exemple : des conséquences d’un traitement sur le bien-être au quotidien) – et notamment des aspects émotionnels.2 Ils font également moins de prévention,3 et posent moins de questions à leurs patients, que ces questions soient d’ordre médical (symptômes, traitement, médication) ou psychosocial (hygiène de vie, vécu relatif à la maladie, émotions ressenties).2 Les femmes médecins adoptent, de leur côté, un style de communication plus participatif et impliquent plus facilement le patient dans la discussion (par exemple : avec des locutions comme «N’est-ce pas ?» ou «Qu’en pensez-vous ?»). Elles expriment plus facilement leur accord avec le patient, de même qu’elles l’encouragent et le rassurent plus souvent. Sur le plan non verbal, elles adoptent généralement des comportements plus chaleureux (par exemple : en souriant plus fréquemment ou en faisant plus de signes d’acquiescement).2 Les médecins hommes adoptent quant à eux un style de communication moins empathique, mais leur ton de voix est plus calme et semble communiquer moins d’anxiété.4
Le genre du patient influence de son côté la communication et le comportement des médecins. Ces derniers ont tendance à montrer plus d’empathie vis-à-vis des femmes, à leur parler avec une voix plus calme et moins dominante et à les questionner plus fréquemment sur leur ressenti.5 Ils fournissent également plus d’informations à leurs patientes – qui les questionnent davantage –, mais les interrompent plus fréquemment. Il semblerait également qu’ils fassent plus facilement de la prévention auprès d’elles qu’auprès des patients hommes.6 Dans une certaine mesure, le genre du patient influence également les processus de diagnostic. Pour les mêmes symptômes cardiovasculaires, les femmes se voient attribuer plus facilement des causes psychologiques.7 Certains examens diagnostiques, par exemple à la recherche de problèmes cardiovasculaires ou d’une maladie pulmonaire obstructive chronique, sont en moyenne un peu moins poussés chez les femmes.8
Les patients hommes et femmes présentent des styles de communication différents. Les patients hommes communiquent de manière moins chaleureuse (en exprimant par exemple moins d’émotions positives), se montrent moins curieux et posent moins de questions.5 A l’instar des médecins de leur sexe, ils ont une voix qui est perçue comme exprimant plus d’ennui et moins d’intérêt que celles des femmes, mais qui semble également plus calme et moins anxieuse.4
La communication et les comportements des patients sont influencés, surtout, par le genre de leur médecin. Les patients parlent en moyenne davantage à une femme médecin. Ils communiquent à celle-ci plus d’informations, non seulement de type psychosocial, mais aussi de type médical.9 Ce point est important en ce qu’il peut déterminer la quantité d’informations disponibles pour le diagnostic, le choix du traitement et d’éventuels ajustements ultérieurs de ce traitement. Il doit être mis en lien avec la tendance des médecins femmes à poser plus de questions à leurs patients, mais il pourrait aussi découler des attitudes plus chaleureuses et plus participatives qui caractérisent leur style de communication. Les patients expriment d’ailleurs plus fréquemment leur accord et font plus de remarques positives aux femmes médecins – ce qui pourrait être le signe d’un plus grand confort émotionnel. En revanche, les patients semblent se comporter avec elles de manière plus dominante qu’avec les médecins hommes ; ils les interrompent plus souvent, se montrent plus assertifs dans leur discours et adoptent un comportement non verbal plus dominant.9
Il existe peu de recherches montrant des différences dans la pratique et les traitements donnés par les médecins en fonction de type de dyade patient-médecin ; néanmoins, lorsque les médecins sont des hommes et les patients des femmes, l’état de santé des patients est, sur l’ensemble des consultations, jugé moins sévère que dans n’importe quel autre type de dyade.10 Par ailleurs, une étude récente montre que lorsqu’ils traitent des femmes présentant des problèmes cardiaques chroniques, les médecins hommes – contrairement à leurs homologues féminins – prescrivent moins de médicaments et à des doses plus faibles que lorsqu’ils traitent des patients hommes, et ceci en opposition avec les lignes directrices concernant la médication de ces patients hommes et femmes.11
De manière assez compréhensible, les patients préfèrent avoir affaire à des médecins du même sexe qu’eux lorsqu’ils doivent se soumettre à des examens intimes tels que les examens rectaux ou génitaux.12 Cette préférence semble partagée par les médecins ; les étudiants en médecine rapportent se sentir plus à l’aise avec une personne de même sexe lors d’examens physiques en général, mais également être plus sensibles aux problèmes des personnes de leur sexe.13 De fait, on observe dans la pratique que les femmes médecins sont plus susceptibles de faire de la prévention concernant les problèmes médicaux féminins : examens pelviens, tests de Pap et mammographies.3
Un style de communication participatif et chaleureux est associé, comme nous l’avons vu, à une plus grande satisfaction des patients vis-à-vis de la consultation, à une adhérence plus grande aux traitements et à un meilleur état de santé chez ces derniers. Ce style caractérise plus fréquemment les médecins femmes ; or, il n’a pas pu être démontré que les patients réagissaient mieux à leur style de communication qu’à celui des médecins hommes. Les études qui se sont penchées sur la question montrent des résultats contradictoires.
Les attentes liées au genre sont une explication possible à cette apparente contradiction.14 La profession de médecin a longtemps été réservée aux hommes et les femmes médecins occupent encore dans les représentations populaires un rôle traditionnellement réservé aux hommes. Les attentes des patients vis-à-vis du style de communication des femmes médecins semblent par ailleurs plus grandes. Nous savons par exemple que la satisfaction des patients n’est pas influencée par la dominance exprimée à travers le style de communication des médecins hommes ; mais qu’en revanche, plus une femme médecin se montre dominante, moins ses patients sont satisfaits.15 Par ailleurs, les mêmes comportements (par exemple : parler en faisant autre chose, parler fort, être expansif dans ses gestes) sont plus rapidement perçus comme dominants chez une femme médecin que chez un homme médecin.16 Conformément aux stéréotypes de genre, les femmes sont vues comme plus chaleureuses, plus empathiques et moins dominantes que les hommes ; lorsqu’une femme médecin adopte un style de communication plus autoritaire et plus distant, elle contredit ces attentes – ce qui semble être vécu négativement par les patients. Les médecins hommes ont ainsi plus de latitude dans leur style de communication. Sous plusieurs aspects, les femmes médecins communiquent mieux que leurs homologues masculins, mais les attentes de leurs patients semblent parallèlement plus élevées.
L’état de la recherche actuel montre que les médecins hommes et femmes diffèrent dans leur style de communication, dans leurs comportements et dans leurs pratiques selon leur genre et selon le genre de leurs patients. Plusieurs des différences de genre que l’on observe chez les médecins ne font que refléter les différences que l’on trouve dans la population générale, et il n’est évidemment pas réaliste de demander aux médecins de renoncer à leur identité de genre pour exercer leur profession. Cependant, nombre d’entre elles mériteraient davantage d’être prises au sérieux. Nous avons montré dans cet article que les femmes médecins posent plus de questions, à la fois d’ordre psychosocial et médical, et reçoivent plus d’informations de la part de leurs patients. Si ces informations supplémentaires sont pertinentes, il se peut donc qu’elles soient plus renseignées sur leurs patients que ne le sont les médecins hommes, ce qui pourrait avoir un impact sur la précision du diagnostic et la qualité du traitement. De même, le fait que les patients hommes reçoivent moins d’informations sur leur condition médicale et sur les conséquences psychosociales de celle-ci, quel que soit le genre de leur médecin, est également à prendre en considération. Enfin, les différences observées dans l’évaluation de l’état de santé dans les interactions entre hommes médecins et patientes femmes par rapport aux autres types de dyade doivent être investiguées. Il existe deux interprétations possibles à ces résultats, qui toutes deux méritent notre attention : la première, que les médecins femmes surestiment la gravité des problèmes médicaux des patientes femmes ; la seconde, que les médecins hommes la sous-estiment.
Les recherches actuelles montrent qu’il existe plusieurs différences dans le style de communication et dans le comportement des médecins et des patients selon leur genre. Cet article a tenté de poser les jalons d’une réflexion sur l’impact du genre dans les relations médecins-patients, dont l’objectif sera à terme d’offrir aux premiers un plus grand confort dans l’exercice de leur profession, et aux seconds une plus grande égalité dans les soins.
Les études citées dans cette revue de littérature ont été sélectionnées dans Medline après une recherche des articles publiés depuis 1980. Les articles ont été inclus dans notre liste de références s’ils traitaient des effets des genres – lors de consultations médicales – sur le style de communication, le comportement ou la pratique des médecins, ou sur le style de communication des patients, sur leur comportement ou sur leurs perceptions du médecin lors de l’interaction. Les spécialités médicales impliquant des populations spécifiques (par exemple : gynécologie, pédiatrie, gériatrie) ont été exclues. Les mots-clés principaux utilisés étaient «physician*» et/ou «patient*» en combinaison avec «gender». A ces mots-clés principaux, nous avons utilisé, ajouté successivement l’un des termes suivants : «communicat*», «behav*» et «practice».
> Les médecins hommes fournissent à leurs patients moins d’informations sur les implications sociales et émotionnelles des maladies et des traitements que les médecins femmes
> Les médecins hommes questionnent moins leurs patients et recueillent moins d’informations sur eux, que ces informations soient d’ordre psychosocial ou médical
> Les femmes médecins adoptent un style de communication plus participatif et un comportement non verbal plus chaleureux que les médecins hommes
> Les mêmes comportements sont plus vite perçus comme dominants chez les femmes médecins et sont moins bien acceptés par les patients
> Les patients hommes sont traités de manière moins empathique et reçoivent moins d’informations que les patientes femmes, quel que soit le genre du médecin
Le produit a bien été ajouté au panier ! Vous pouvez continuer votre visite ou accéder au panier pour finaliser votre commande.
Veuillez entrer votre adresse email ci-dessous pour recevoir un lien de réinitialisation de mot de passe
Vous pouvez créer votre nouveau mot de passe ici
Certains de ces cookies sont essentiels, tandis que d'autres nous aident à améliorer votre expérience en vous fournissant des informations sur la manière dont le site est utilisé.
Les cookies nécessaires activent la fonctionnalité principale. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.
Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques de fréquentation anonymes du site de la Revue Médicale Suisse afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus. En désactivant ces cookies, nous ne pourrons pas analyser le trafic du site de la Revue Médicale Suisse
Ces cookies permettent à la Revue Médicale Suisse ou à ses partenaires de vous présenter les publicités les plus pertinentes et les plus adaptées à vos centres d’intérêt en fonction de votre navigation sur le site. En désactivant ces cookies, des publicités sans lien avec vos centres d’intérêt supposés vous seront proposées sur le site.
Ces cookies permettent d’interagir depuis le site de la Revue Médicale Suisse avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation, lorsque vous cliquez sur les fonctionnalités de partage de Facebook et de Twitter, par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les articles de la Revue Médicale Suisse depuis le site de la Revue Médicale Suisse sur les réseaux sociaux.