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ISO 690 Nau, J., Suicide : mieux le prévenir via les outils de « santé connectée » ?, Rev Med Suisse, 2018/629 (Vol.14), p. 2184–2185. DOI: 10.53738/REVMED.2018.14.629.2184_1 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2018/revue-medicale-suisse-629/suicide-mieux-le-prevenir-via-les-outils-de-sante-connectee
MLA Nau, J. Suicide : mieux le prévenir via les outils de « santé connectée » ?, Rev Med Suisse, Vol. 14, no. 629, 2018, pp. 2184–2185.
APA Nau, J. (2018), Suicide : mieux le prévenir via les outils de « santé connectée » ?, Rev Med Suisse, 14, no. 629, 2184–2185. https://doi.org/10.53738/REVMED.2018.14.629.2184_1
NLM Nau, J.Suicide : mieux le prévenir via les outils de « santé connectée » ?. Rev Med Suisse. 2018; 14 (629): 2184–2185.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2018.14.629.2184_1
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avancée thérapeutique
28 novembre 2018

Suicide : mieux le prévenir via les outils de « santé connectée » ?

DOI: 10.53738/REVMED.2018.14.629.2184_1

Tous les soignants directement concernés le savent : l’évaluation ponctuelle du risque suicidaire, aux urgences, après une tentative, ne rend pas compte de l’évolution après la sortie des soins – et ce alors même que le risque de récidive reste important plusieurs mois et années après. Dans ces conditions, les possibilités d’identification, et donc de prise en charge, des patients à risque suicidaire sont limitées. Jusqu’à quand ?

« Le développement de la santé connectée (eHealth) donne désormais accès en temps réel à des informations sur l’état de santé d’un patient entre deux séjours en centre de soins, écrivent les auteurs d’une publication originale en novatrice,1 dans le mensuel Médecine/Sciences. Cette extension de l’évaluation clinique à l’environnement du patient permet de développer des outils d’aide à la décision face à la gestion du risque suicidaire. »

Les auteurs rappellent que les personnes ayant réalisé un geste suicidaire (220 000 chaque année en France) demeurent à risque de mort par suicide de nombreuses années après leur sortie des soins.2 Et ils soulignent qu’une récente méta-analyse a établi que, parmi les rares interventions de prévention qui ont montré leur efficacité, les dispositifs de veille (brief intervention contact) apparaissaient les plus prometteurs. « Ceux-ci reposent sur le principe du maintien du lien entre le patient et le praticien après une prise en charge liée à un geste suicidaire, expliquent-ils. Ces interventions s’appuient sur des médias courants tels que le courrier postal, les appels téléphoniques ou la remise en main propre d’une carte proposant un numéro de téléphone joignable 24 h/24. Le faible coût financier de ces dispositifs facilite leur généralisation sur un territoire donné. Ils se démarquent des dispositifs d’intervention classiques en proposant un « rester en contact », un dispositif de veille, qui n’envahit pas le quotidien du suicidant. »

Ces travaux sur les « dispositifs de veille » ont conduit au néologisme de connectedness, que l’on peut traduire par « le sentiment de rester en lien ». « En France, nous évoquons “une clinique du souci” ou encore “une éthique de l’inquiétude” ajoutent ces auteurs. Ces interventions auprès du suicidant peuvent également permettre d’améliorer les connaissances épidémiologiques du phénomène suicidaire. Les évaluations liées au re-contact, en particulier téléphonique, sont en effet l’occasion d’entretiens cliniques souvent très poussés, et donc d’une collecte de données sur le patient. »

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Le sujet avait récemment été abordé par deux sociologues réputés, grands spécialistes du sujet : Christian Baudelot et Roger Establet. « Les nouveaux moyens de communication favorisent la création de nouvelles formes de lien social. L’addiction manifeste à son portable n’est pas nécessairement une forme d’aliénation, écrivaient-ils dans la réédition de leur ouvrage sur le suicide.3 Elle permet de maintenir et de développer les contacts avec autrui. De nouvelles formes d’intégration sociale propres à combattre l’isolement se sont progressivement mises en place, grâce à ces nouvelles technologies et aux réseaux sociaux qu’ils ont rendu possibles. »

Et d’ajouter que les nouveaux outils numériques ouvrent de nouvelles perspectives de prévention des passages à l’acte suicidaire, comme le démontrent les expériences pratiques de différents psychiatres hospitaliers français à Montpellier, Lille ou Paris : ces médecins proposent de rester en contact avec leurs patients à risque via mail ou SMS. Les réseaux sociaux peuvent également aider au repérage des personnes exprimant des idées suicidaires. C’est dans ce contexte que s’inscrit la publication de Médecine/Sciences.

La faisabilité de l’introduction de tels outils dans une pratique de soins est encore incertaine

Les auteurs observent encore que la facilité croissante d’accès à internet et aux technologies mobiles permet de développer des approches de santé connectée pour un suivi ambulatoire – et ce via des dispositifs qui modifient les modalités de collecte des données cliniques en consultations mais aussi en dehors des temps de consultation. Et point n’est besoin d’être un spécialiste pour savoir que les outils de santé connectée, s’appuyant généralement sur des applications Web (ou applications via un site internet), des smartphones ou des objets connectés peuvent faire considérablement évoluer certaines pratiques.

« L’intégration des technologies de téléphonie mobile et de santé connectée pourrait ainsi répondre à plusieurs difficultés posées par le suivi des patients à risque suicidaire, écrivent les auteurs. Ces technologies permettent, entre autres, de développer le maintien du lien avec le patient après la sortie des soins, et de collecter davantage d’informations sur son état de santé, en se fondant notamment sur des évaluations écologiques (évaluations dans le milieu de vie du patient). L’analyse des bases de données ainsi obtenues permet d’identifier des profils de patients et surtout les patients les plus à risque et de développer des outils d’aide à la décision médicale face à une crise suicidaire. »

En pratique, l’impact sur le parcours de soins des patients présentant un risque suicidaire pourrait être majeur en leur proposant des interventions personnalisées. « La faisabilité de l’introduction de tels outils dans une pratique de soins est encore incertaine, reconnaissent les auteurs. De nombreuses équipes s’attellent depuis plusieurs années à étudier l’impact de ces techniques en prévention du phénomène suicidaire. Mais les données, les algorithmes et l’intelligence artificielle sont là ! La médecine du futur également. »

Ils décrivent, pour leur part, cinq expérimentations d’utilisation des technologies de l’information en prévention du suicide en s’appuyant sur des données récentes de la littérature et des essais en cours. Le Centre hospitalier régional et universitaire (CHRU) de Brest y participe, en collaboration avec l’Institut mines-télécom (IMT) Atlantique, les CHRU de Lille et de Montpellier, et des partenaires académiques, en Espagne, en Australie et aux Etats-Unis.

D’ores et déjà, les dispositifs utilisant le re-contact téléphonique ou postal ont démontré leur efficacité sur la réduction de la récidive suicidaire. En France, depuis le début de 2018, le Languedoc-Roussillon, la Bretagne, la Normandie (haute et basse), les Hauts de France et le Jura proposent systématiquement aux patients suicidants quittant les urgences le dispositif « VigilanS » : une combinaison de dispositifs de veille ayant montré leur efficacité sur la réduction de la récidive ou de la mortalité par suicide.

Dans « VigilanS », tout suicidant sortant du système hospitalier se voit remettre une carte ressource, qui comporte au recto le numéro d’appel régional unique (en 0800) et au verso, le logo du SAMU (Service d’aide médicale d’urgence) en cas d’urgence la nuit, les week-end et les jours fériés. Le patient, en s’inscrivant dans le dispositif, accepte d’être appelé pour des évaluations téléphoniques, quelques jours après son geste, puis six mois après. Il peut, en outre, joindre quand il le souhaite le service pour demander de l’aide, ou obtenir une simple consultation.

Implanté dans quatre-vingt centres d’urgence des régions participantes, le dispositif a ainsi généré des bases de données liées aux enregistrements des échanges entre infirmiers vigilanseurs et patients, et à la saisie systématique des données d’évaluation clinique sur une interface Web. Une première analyse de cette mine de données, enrichie à chaque nouveau contact, a permis de confirmer des facteurs de risque connus de récidive, d’en questionner d’autres, mais aussi de référencer ce qui pourrait constituer le socle d’un outil d’aide à la décision médicale pour l’intervention, le pilotage des soins et la prévention du suicide.

Auteurs

Jean-Yves Nau

jeanyves.nau@gmail.com

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